Le rimégépant (Vydura) est le premier antimigraineux autorisé en Europe d'une nouvelle classe de médicaments appelée les gépants qui sont des antagonistes des récepteurs du peptide lié au gène de la calcitonine (CGRP). « Ce neuropeptide endogène cérébral est un agent algogène impliqué dans la physiopathologie de la migraine. En inhibant son activité biologique, le gépant limite la cascade inflammatoire et la transmission des signaux de douleur pour mettre fin à une crise migraineuse », précise le Dr Michel Lanteri Minet, neurologue au CHU de Nice.
L’efficacité de rimégépant dans le traitement des crises de migraine, avec ou sans aura, a été évaluée dans trois études randomisées en double aveugle, contrôlées contre placebo. Elles ont été menées chez des adultes souffrant d'une crise migraineuse accompagnée de douleur modérée à sévère. En moyenne, au cours des trois études, les résultats ont montré dans les deux heures suivant l'administration d'une dose orale unique (75 mg), une réduction plus significative de l'intensité de la douleur par rapport au placebo (20 % des patients vs 12 % ).
Rimégépant s’est également avéré efficace pour traiter d’autres symptômes migraineux tels que la photophobie, la phonophobie ou la nausée : en moyenne, environ 36 % des patients traités ne présentaient plus l’un des symptômes ci-dessus deux heures après le traitement, contre environ 27 % des patients sous placebo. Une autre étude a évalué l’efficacité du médicament, en tant que traitement prophylactique des crises de migraine. L’étude a été menée chez des adultes présentant des crises de migraine (avec ou sans aura) depuis au moins un an. Les patients avaient des antécédents de 4 à 18 crises migraineuses d’intensité modérée à sévère par période de 4 semaines. Les résultats ont montré une réduction du nombre de jours pendant lesquels les patients souffraient de migraines. Par rapport au placebo, l’administration de 75 mg de rimégépant tous les deux jours a induit des améliorations statistiquement significatives bien que l’ampleur de l’effet soit considérée comme modeste : les personnes traitées ont eu en moyenne 4,3 jours de migraine en moins au cours des 4 dernières semaines de l'étude, contre 3,5 jours de moins pour les patients sous placebo.
Un intérêt dans l'arsenal thérapeutique
« Une étude est en cours pour évaluer l’efficacité et la sécurité de Vydura chez des patients migraineux non répondeurs aux triptans, mais compte tenu de son efficacité pour atténuer les maux de tête et les autres symptômes migraineux et pour réduire le nombre de jours d'épisodes migraineux, il pourrait être une alternative intéressante pour satisfaire les besoins non couverts par les AINS et les triptans en raison d'une intolérance ou d'une résistance aux traitements ou d'antécédents cardiovasculaires, d'autant plus que le médicament ne présente pas d'effet vasoconstricteur intrinsèque ni de toxicité hépatique », commente le Dr Amine Saighi, directeur médical chez Pfizer France.
On sait que les triptans et les antalgiques sont susceptibles de provoquer une aggravation et un passage à la chronicité de la migraine en cas de surconsommation, l'absence de risque d'abus médicamenteux de Vydura reste à confirmer mais les données sur les effets indésirables sont bien documentées. Dans la majorité des cas, ces effets sont d’intensité légère ou modérée. Les nausées sont l’effet indésirable le plus fréquent : 1,2 % dans le traitement des crises et 1,4 % dans la prophylaxie des crises. Des réactions d’hypersensibilité, incluant dyspnée et rash sévère, sont survenues chez moins de 1 % des patients traités. Le profil de sécurité de Vydura a été jugé favorable par la Commission européenne (EMA) qui lui a accordé une AMM au sein de l’UE dans le traitement des crises de migraine avec ou sans aura et dans la prophylaxie de la migraine épisodique chez les adultes présentant au moins quatre crises par mois. Des recherches supplémentaires sont en cours pour évaluer l’efficacité et la sécurité à long terme du nouveau médicament.
D'après une conférence de Pfizer