Histoires de plantes

Le gattilier, ou herbe aux moines

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Publié le 24/09/2021
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Gattilier, Vitex agnus-castus

Gattilier, Vitex agnus-castus
Crédit photo : J. Fleurentin

Le gattilier (Vitex agnus castus) est un arbuste originaire d’Asie centrale et spontané dans le bassin méditerranéen. Il porte des feuilles opposées divisées en lobes, des fleurs bleues en épi et des fruits grisâtres qui sont des drupes à odeur de poivre.

Connu depuis la médecine grecque, Dioscoride (Ier siècle) conseillait le gattilier dans les douleurs utérines. Son nom latin agnus castus, chaste comme un agneau, renseigne sur son usage d’anaphrodisiaque au Moyen Âge en Europe. Appelé également herbe aux moines, il était cultivé dans les monastères pour calmer les ardeurs des moines et les aider à respecter les vœux de chasteté. Il est utilisé depuis des siècles en Europe pour soulager les douleurs prémenstruelles, calmer les douleurs mammaires et réguler les cycles irréguliers. Au XIXe siècle il est réputé emménagogue et au XXe siècle Leclerc le conseillera dans l’angoisse et l’insomnie.

Les fruits contiennent des iridoïdes (agnuside, aucuboside), des flavonoïdes (casticine, isoorientine), des diterpènes (vitexolactone, rotundifurane), une huile essentielle (sabinène), des triglycérides (acide α-linoléique, oléique et linoléique) et du 3-cétostéroïde.

Syndrome prémenstruel

Des études cliniques en double aveugle confirment l’effet thérapeutique du gattilier dans le syndrome prémenstruel : douleurs mammaires, anxiété, irritabilité, surconsommation alimentaire. De nombreuses observations cliniques attestent de son efficacité et de son innocuité.

Les travaux en pharmacologie montrent que des extraits hydroalcooliques et le rotundifurane se fixent sur les récepteurs dopaminergiques D2 des cellules de l’hypophyse et réduisent par conséquent la sécrétion de prolactine chez le rat. Par contre les extraits ont une faible affinité sur les récepteurs des œstrogènes.

Une affinité pour les récepteurs opioïdes µ

Le gattilier soulagerait la douleur car des extraits méthanoliques ont une affinité pour les récepteurs opioïdes µ et augmentent la teneur en ß-endorphines endogènes ; de plus les iridoïdes montrent une action anti-inflammatoire.

Le gattilier est contre indiqué chez la femme enceinte ou allaitante et déconseillé chez les moins de 18 ans. Des interactions sont théoriquement possibles avec les médicaments agonistes ou antagonistes dopaminergiques et agonistes ou antagonistes oestrogéniques.

 

 

 

 

 

 

 

 

Un tour du monde des plantes qui soignent, Afrique, Amériques, Chine, Outremer, Europe (2018) Fleurentin J. & Weniger B., Éditions Ouest France, 239 p. www.ethnopharmacologia.org

Jacques Fleurentin
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Source : Le Quotidien du Pharmacien