Le bétel d'Asie est une des associations de plantes psychotropes les plus consommées dans le monde après la nicotine, l'alcool et la caféine. Le masticatoire est composé de deux plantes : la noix d'arec, fruit d'un palmier et la feuille de bétel cueillie sur une plante grimpante.
La noix d'arec provient de l'aréquier (Areca catechu L., Arécacées), un grand palmier originaire d'Indo-Malaisie pourvu de grandes feuilles de 4 à 5 m de long, dont les fleurs donneront des fruits blanc jaunâtre qui contiennent une graine renfermant une amande blanchâtre veinée de brun, la noix qui est mastiquée. La deuxième plante est grimpante, vivace, de 5 à 20 m de long (Piper betel L., Pipéracées) originaire de Malaisie, avec des feuilles alternes vert clair brillant en forme de cœur. Elle porte des fleurs mâles et des fleurs femelles en épi qui donneront des petites drupes. En Inde, 50 000 ha sont cultivés pour le commerce des feuilles.
Stimulant et euphorisant
Le masticatoire « bétel » se prépare en entourant la noix d'arec avec des feuilles de bétel et en ajoutant un peu de chaux éteinte, ceci afin d'améliorer l'absorption des alcaloïdes et des principes actifs. La saveur est à la fois aromatique et piquante et induit une sensation d'excitation légère, d'euphorie et de bien-être ainsi que de coupe-faim. Les glandes salivaires sont fortement stimulées et induisent des crachats rouges teintés par les tanins de la noix. Mastiquer entre amis est un facteur d'intégration et de partage et, lors des mariages, la feuille de bétel en forme de cœur est le symbole de l'amour.
La mastication est déclarée cancérogène avec des risques de cancer de la bouche, de l'œsophage, du pharynx, des voies biliaires et de l'utérus
L'usage traditionnel répond à la fois à des considérations médicinales, religieuses et cérémonielles. L'aspect symbolique est observé par la complémentarité de la liane bétel chaude, amère et astringente grimpant au tronc du palmier aréquier, froid, doux et sédatif.
La mastication du bétel induit à la fois une action stimulante et euphorisante, elle se pratique depuis 2000 ans en Asie du Sud-Est, surtout en Birmanie, mais également à Ceylan, en Inde et en Chine. La feuille est indiquée en médecine ayurvédique depuis le IIe siècle dans les bronchites, les irritations de la gorge et du larynx et comme aphrodisiaque. La noix d'arec sert en médecine populaire humaine et vétérinaire pour traiter le ténia.
Alcaloïdes et tanins
La noix d’arec renferme des alcaloïdes (acéroline, guvacoline, arécaïne, arécaïdine, guvacine), des tanins condensés, des flavan-3-ols ainsi que des glucides et des lipides. Le phlobaphène est responsable de la coloration rouge. Les feuilles de bétel contiennent du β-sistérol, du pentatriacontane, des dérivés de l’allylpyrocatéchol, de la lutéoline et de l'apigénine et une huile essentielle avec du chavibétol, du carvacrol, de l’eugénol, de l’estragole et du méthylchavicol. Les feuilles fraîches sont riches en minéraux, calcium, phosphore, fer et en vitamine A, B1 et C.
La mastication est déclarée cancérogène avec des risques de cancer de la bouche, de l'œsophage, du pharynx, des voies biliaires et de l'utérus. Dans la bouche, il se forme des nitrosamines cancérogènes comme la méthylnitroaminopropionitrile produite à partir de l'acéroline. Cependant la feuille de bétel a montré des effets protecteurs du cancer et antimutagène grâce à ses polyphénols.
Les alcaloïdes de la noix d'arec, arécaïdine et guvacine sont des psychostimulants car ils inhibent l’action sédative de l’acide gabaergique. L'acéroline stimule les récepteurs muscariniques et nicotiniques induisant euphorie, stimulation des capacités de travail et salivation. Les effets anthelminthiques mentionnés par la médecine populaire ont été confirmés sur les vers némathelminthes et plathelminthes.
Stimule les sécrétions gastriques
La feuille de bétel stimule les sécrétions gastriques, présente des effets analgésique non opiacé, anti-ulcéreux en stimulant la sécrétion de mucus et antioxydant. L'huile essentielle est antibactérienne et antifongique vis-à-vis de Candida albicans, Aspergillus Niger et Trichophyton mentagrophytes.
Aussi en dehors du bétel masticatoire associées à la noix d'arec, les feuilles de bétel sont intéressantes dans le traitement des troubles digestifs, gastrointestinaux, la flatulence, les douleurs inflammatoires, mais trouvent également des débouchés dans l'industrie agroalimentaire pour la conservation des aliments, l'aromatisation et la conservation des produits alimentaires.
Repères
La consommation de bétel associe en fait deux plantes : la noix d'arec et la feuille de bétel pour en faire un masticatoire stimulant et euphorisant. La noix d’arec est inscrite à la Pharmacopée française et les feuilles de Piper betle étaient mentionnées dans le Dorvaux de 1948. La feuille de bétel a des usages traditionnels confirmés par des essais pharmacologiques.
Plantes des dieux, des démons et des hommes (2019) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 208 p.
www.ethnopharmacologia.org
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