À l’accueil, Gisèle est débordée. En ce lendemain de grève, le téléphone n’arrête pas de sonner et les patients entrent en flux continu dans la pharmacie.
- La pharmacie est ouverte aujourd’hui ?
- Oui, répond Gisèle pour la énième fois depuis l’ouverture. Jusqu’à 19 h 00 ce soir.
Sitôt la conversation coupée, elle s’adresse aux patients pour les orienter dans la pharmacie.
- Je viens pour renouveler mon ordonnance. Dites donc, je pensais que vous étiez fermé toute la semaine, explique Monsieur Philippe, un habitué.
- Qui vous a dit cela ? Il n’y avait qu’une journée de grève, jeudi. Vous n’écoutez pas la radio ?
- La secrétaire du médecin. À vrai dire, ses propos m’ont surpris. Elle ferait mieux de sourire au lieu de dire n’importe quoi.
La réflexion amuse Gisèle. « C’est tellement vrai », pense-t-elle.
- Je vous laisse vous diriger vers le comptoir 2, Kenza va vous recevoir.
Vers 10 h 30, l’activité se calme un peu. L’hôtesse d’accueil en profite pour aller dans le back-office.
- Il y a un monde, mais un monde ce matin !, dit-elle en croisant Nicole Bertin.
- À qui le dis-tu ? Ils vont m’achever. Vivement la retraite, rétorque la préparatrice avant de se diriger vers le réfrigérateur.
Lorsqu’elle revient à l’accueil, Gisèle accueille un jeune homme timide.
- Bonjour, je m’appelle Louis. Est-ce que je pourrais voir le titulaire s’il vous plaît ?
- Je vais voir si l’un des titulaires est disponible. Ils sont trois. C’est pour quoi ?
Le garçon lui tend un CV :
- Je suis étudiant en pharmacie et je cherche à travailler en complément de mes études.
- Ah oui. Allô Julien, est-ce que tu peux venir à l’accueil s’il te plaît ? Un étudiant voudrait te rencontrer. Je le fais venir dans le bureau ? Très bien.
Gisèle accompagne l’étudiant vers le bureau des titulaires. Julien l’accueille et l’invite à s’asseoir.
- Vous êtes en quelle année ?
- Je débute ma deuxième année.
- Vous voudriez travailler les week-ends ? Vos parents habitent dans le coin ?
- Pas vraiment. Mais je pourrais loger chez les parents d’Alice. C’est elle qui m’a conseillé de m’adresser à vous.
- Vous connaissez Alice ? Elle entre dans la dernière ligne droite pour soutenir sa thèse. C’est en octobre, ça se rapproche. Et du coup, on ne va pas la voir beaucoup à la pharmacie en effet…
Après quelques échanges, le pharmacien et l’étudiant se saluent :
- J’en parle à mes associés et nous vous recontactons rapidement.
Louis est à peine parti quand Karine arrive en trombe dans la pièce :
- Tu ne connais pas la nouvelle ?
- Non mais tu vas me la dire.
- Pinson, il arrête. Avec ses problèmes judiciaires pour harcèlement moral, il jette l’éponge.
- Et sa pharmacie ?
- En liquidation judiciaire. Ce qui veut dire…
Julien attend la suite.
- Ce qui veut dire que la licence peut être rachetée.
- Sérieux ? Tu penses que c’est une bonne opération ?
- Cette pharmacie somnole, et même sans elle, nous sommes suffisamment de pharmaciens pour assurer le service pharmaceutique sur le territoire.
- Donc, l’idée serait de la racheter à plusieurs, c’est ça ?
- C’est ça.
- Nous participons donc à la réduction du nombre de pharmacies en France…
- Ce n’est pas comme s’il n’y avait plus de pharmacies dans la commune. Disons plutôt que c’est une amélioration de la répartition…
(À suivre…)
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