Le Quotidien du pharmacien.- Comment expliquez-vous l'attrait croissant des Français pour le « made in France » ?
Laurent Filoche.- Plusieurs facteurs contribuent à l'engouement de la population pour les produits de santé fabriqués dans l'Hexagone. Les Français sont bien au courant de la compétition économique mondialisée. Ils savent qu'en achetant des médicaments ou des produits de parapharmacie élaborés en France, ils contribuent au maintien des emplois. La patientèle des officinaux achète de plus en plus de produits « made in France » pour éviter les contrefaçons et favoriser l'achat de produits de qualité, respectueux de l'environnement, des règles sociales et éthiques.
Sur le plan économique, la crise du Covid a renforcé l’idée d’une nécessaire production française ou européenne, en matière de vaccin et de médicaments. Quels sont les atouts du « made in France » pour les laboratoires pharmaceutiques et pour les patients ?
Dès le premier confinement, la France a souffert des ruptures de médicaments dont certains sont essentiels. Pour quelques produits tels que les curarisants, nous avons pu éviter la rupture car nous avons été aidés par d'autres pays producteurs tels que l'Inde. Les Français se sont alors rendu compte que nous n'étions plus maîtres de l'approvisionnement en médicaments. En outre, la France s'est fait devancer par d'autres pays en termes de fourniture de vaccins contre le Covid. La France reste une grande puissance et le gouvernement actuel a bien conscience qu'il faut faire des efforts pour renforcer la production de médicaments et de vaccins sur notre territoire et ne pas dépendre autant de l'étranger.
Quel rôle les groupements peuvent-ils jouer pour favoriser la fabrication française des produits de santé ?
Les groupements, par le biais, des officinaux, doivent informer les patients qu'ils vendent des produits de parapharmacie, des cosmétiques, ou encore des compléments alimentaires fabriqués en France. Les pharmaciens peuvent, en outre, favoriser le référencement de produits « made in France ». Les industriels, pour leur part, mettent en avant ce critère via une petite icône (drapeau bleu-blanc-rouge) apposée sur les boîtes des produits en question. En revanche, il est plus difficile pour le pharmacien de privilégier l'achat de médicaments princeps et génériques « made in France ». Car certains laboratoires français ont exporté tout ou partie de leur production dans d'autres pays.