« Nos résultats apportent de nouvelles preuves que le cancer du pancréas pourrait être un autre type de cancer associé à la consommation d’alcool, une connexion sous-estimée jusqu’à présent », souligne le Dr Pietro Ferrari, directeur du service Nutrition et métabolisme au Circ et auteur senior de l’étude. Dans cette analyse publiée dans « Plos Medicine », les chercheurs se sont servis des données de 30 cohortes de quatre continents (Asie, Australie, Europe et Amérique du Nord) portant sur 2,5 millions de personnes sans cancer à l’inclusion et âgées en moyenne de 57 ans.
Au cours d’un suivi médian de 16 ans, 10 067 cas de cancer du pancréas ont été recensés. Jusque-là, le rôle délétère de l’alcool pour le cancer du pancréas était suggéré pour une consommation de plus de 30 g par jour (soit environ 2 verres standards). Cette nouvelle étude montre que chaque augmentation de 10 g par jour est associée à une augmentation de 3 % du risque de cancer pancréatique.
Un facteur indépendant du tabagisme
Plus en détail, par rapport à une consommation de 0,1-5 g par jour, la prise quotidienne de 30 g d’alcool est associée à une augmentation du risque de cancer pancréatique de 12 % chez les femmes et la prise quotidienne de 30 à 60 g à une augmentation du risque de 15 % chez les hommes. Chez ces derniers, un apport de plus de 60 g par jour est associé à une augmentation du risque de 36 %.
Le tabagisme, reconnu comme facteur de risque du cancer du pancréas et souvent associé à la prise d’alcool, est considéré comme un facteur confondant possible. « L’association entre alcool et risque de cancer pancréatique a été observée même chez les non-fumeurs, indiquant que la consommation d’alcool en elle-même est un facteur indépendant de cancer du pancréas », souligne le Dr Ferrari. « Bien qu’il existe des facteurs de risque établis tels que le tabagisme, l’excès de masse grasse, la pancréatite chronique et le diabète, les causes du cancer pancréatique restent mal comprises », ajoute-t-il. Cette étude apporte des éléments nouveaux et de plus amples recherches sont nécessaires pour mieux comprendre, par exemple, l’influence d’une consommation chez l’adulte jeune ou du binge drinking.