Contrairement à ce que croient certains lecteurs du blog que je publie sur Internet, je ne suis pas un thuriféraire du gouvernement. Je l'ai critiqué à plusieurs reprises mais j'ai approuvé sa politique réformiste. En l'état actuel des lieux, je ne vois pas quels autres dirigeants seraient plus compétents ou plus efficaces. Je soutiens donc sa politique, même si les réformes ont volé en éclats. Et d'autant plus qu'à la charge permanente des partis d'opposition et des syndicats s'ajoutent les propos venimeux qui courent sur les réseaux sociaux. Tout le monde n'est pas écrivain, ni même journaliste, de sorte qu'à la partialité des commentaires s'ajoute la vulgarité de l'écriture. Il fallait donc mettre les choses au point ici, dans cet espace.
Le gouvernement a menti au sujet des masques. Quand il a préconisé de n'en point porter, il ne les avait pas. Quand il nous force à les porter, c'est parce qu'il les a enfin acquis. Il a menti, mais de ce mensonge on a fait la raison irréfragable d'une chasse à courre impitoyable. On traîne Macron et son gouvernement dans la boue, des plaintes ont été déposées contre eux devant la Cour de justice de la République, le Sénat a voté contre le déconfinement que les sénateurs appelaient pourtant de leurs vœux. Sur les ondes de France Info, un journaliste a déclaré que ce mensonge est le pêché originel que Macron va traîner comme un boulet jusqu'aux élections (qu'il va perdre assurément). Grands dieux ! Si j'étais le président, je serais terrorisé.
Pourtant, Macron, qui ne réagit à aucune flêche empoisonnée de ses détracteurs, a menti pour des raisons extrêmement claires que l'opposition ne veut pas connaître : il était essentiel à ses yeux de ne pas déclencher une panique dans la population. C'est ce qui se serait produit si Emmanuel Macron avait dit à ses concitoyens : « Les masques sont indispensables à la prévention, mais nous n'en avons pas. Nous les commandons, ils n'arrivent pas. On les vole dans les aéroports. Mes prédécesseurs ont détruit les stocks de masques. Ils ont abandonné les lieux français de fabrication. Maintenant, nous dépendons de la production chinoise ». Il n'a rien dit de tel pour éviter la polémique. C'était oublier la dose de haine qui emplit le cœur des ambitieux et des pervers, qui sont souvent les mêmes.
Les dents des carnassiers s'aiguisent
En revanche, le pouvoir a été transparent sur les respirateurs et les lits de réanimation. Le Premier ministre a donné une conférence de presse où il a mentionné la nécessité pour les hôpitaux de ne pas avoir plus de patients en réanimation que de lits de réanimation. Il a agi promptement, en ouvrant dans l'urgence de nouveaux lits, en en portant le nombre de 5 000 à 14 000 et en abaissant la contagion par le confinement. Il a ainsi sauvé, grâce au dévouement admirable des soignants, plus de 60 000 vies humaines (étude indépendante). De même, il a reconnu qu'il manquait de tests. Son pêché originel aura donc été de mentir sur un point, mais pas sur les autres.
Il en va de même pour les élections municipales : le président a maintenu le premier tour, il l'a fait contre son gré, il voulait reporter les deux tours. Il a subi de telles pressions des Républicains, qui dénonçaient un abus de pouvoir et prédisaient une révolution, qu'il a fini par leur céder. Le premier tour des municipales n'avait pas encore commencé que déjà ceux qui avaient fait le siège de l'Élysée pour que Macron n'y renonçât pas, sensibles par ailleurs à la hargne des maires LR, suppliaient le chef de l'État de reporter le second tour.
Aujourd'hui, non sans hypocrisie, ils le blâment d'avoir fait ce qu'ils l'ont supplié de faire. Et, bien sûr, c'est lui, pas eux, qu'il faut écarteler en place de Grève. Voilà l'histoire, et voilà la vérité. À part çà, il me semble que la France va mieux, que le confinement a bloqué la pandémie, que le déconfinement bien surveillé est notre meilleure chance de retour à la normale. Que la confusion et l'amateurisme dont on accuse le gouvernement sont plutôt chez ses opposants. Certes, le temps passe, 2022 se rapproche, les dents des carnassiers s'aiguisent. D'aucuns se croient déjà aux marches du pouvoir.