Longtemps impopulaire en France, la vasectomie connaît un essor depuis une dizaine d’années. En 2010, seules 1 940 vasectomies étaient réalisées chez les hommes âgés de 18 à 70 ans. Douze ans plus tard, ce chiffre s’élève à 30 288, soit 15 fois plus, selon une étude du groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare (ANSM/CNAM), publiée dans la revue « Perspectives on Sexual and Reproductive Health ».
Cette progression en France est d’autant plus remarquable qu’à l’échelle mondiale, elle est de moins en moins pratiquée (voir encadré). En parallèle, le nombre de stérilisations féminines a diminué de moitié dans l’Hexagone après l’arrêt de commercialisation des implants Essure en 2017. Résultat : en 2022, les stérilisations masculines ont dépassé en nombre celles des femmes, dans un ratio de trois vasectomies pour deux stérilisations féminines.
Pour les auteurs, « des études sociologiques seront nécessaires pour comprendre les raisons de cette adoption croissante de la stérilisation masculine par les hommes en France ».
Des hommes jeunes et de milieux favorisés
L’étude permet également de dresser le profil des hommes ayant eu recours à la vasectomie entre 2010 et 2022. En moyenne, ces patients sont de plus en plus jeunes au fil du temps et appartiennent majoritairement à des catégories socio-économiques favorisées.
Sur le plan médical, les complications locales post-vasectomie ont concerné 1 homme sur 100, et les réinterventions chirurgicales sont restées très rares. De plus, la vasectomie apparaît comme une contraception sûre et bien tolérée. « L’étude ne présente pas le taux d’échec, mais le fait que seulement 0,9 % des hommes de la cohorte aient subi une seconde vasectomie indique que ce taux est très faible », estiment les auteurs.
Peu de spermogrammes de contrôles
Un point d’alerte cependant : seulement 64,7 % des hommes ont réalisé le spermogramme de contrôle, pourtant recommandé pour vérifier l’absence de spermatozoïdes viables après l’intervention. « À l’échelle internationale, de nombreuses études ont déjà mis en évidence cette problématique, avec des taux de conformité variant de 21 à 79 % », avancent les auteurs qui rappellent qu’« en l’absence de ce test, le risque d’échec augmente, pouvant mener à des grossesses non désirées ».
Côté effet secondaires, le bilan est rassurant. Les complications post-vasectomie étaient rares (1 %) et le syndrome douloureux post-vasectomie, qui se manifeste par une douleur testiculaire unilatérale ou bilatérale persistant au-delà de 3 mois, a une incidence estimée entre 1 et 15 %.
Enfin, dans la perspective d’un recours éventuel à une assistance médicale à la procréation (AMP), 6,8 % des hommes ont demandé une cryoconservation de sperme et 0,2 % ont effectué une vasovasostomie, une intervention chirurgicale mineure visant à restaurer la fertilité après une vasectomie, mais dont le taux de réussite reste faible (environ 30 à 45 %).
Et dans le monde ?
La vasectomie est utilisée par 17 millions de couples dans le monde. Mais le recours à cette technique est en diminution : elle représentait 2,4 % des méthodes contraceptives en 2011, contre 1,4 % en 2019, alors même que l’usage global de la contraception a augmenté dans le monde. La pratique de la vasectomie a particulièrement diminué dans les pays où elle était historiquement répandue, sans qu’aucune explication claire n’ait été identifiée. Outre la France, seuls quatre pays — la Belgique, la Colombie, la Corée du Sud et Taïwan — affichent une augmentation des taux de vasectomie au cours de la dernière décennie.