- Voilà les documents signés pour ton stage. Dis-donc, c'est un vrai parcours du combattant pour devenir maître de stage. J'ai l'impression que les critères se sont encore durcis depuis le stage de Julien il y a trois ans (épisode 1). Enfin, nous y sommes arrivés ! Tu débutes officiellement ton stage de sixième année aujourd'hui, dit Karine en tendant une enveloppe au jeune étudiant.
- Avec plaisir. J'aime bien le métier à l'officine.
- Tant mieux. Tu sais comme moi combien nous avons besoin de renouveler la profession… Tant qu'on y est, je te demande dès à présent tes disponibilités cet été. Nous aurons besoin de toi en juillet et en août.
On frappe à la porte du bureau.
- Karine, il y a une personne qui demande à vous voir, explique Gisèle dans l'entrebâillement de la porte. Madame Badi…
- Parfait, merci. Faites-la entrer. Théo, je vais te présenter la pharmacienne qui va remplacer Jean-Paul dès la semaine prochaine.
Assise dans un fauteuil roulant, une jeune pharmacienne s'avance tranquillement. Théo la regarde, impressionné au point d'en rougir lorsque Karine lui présente Kenza.
- Kenza, je suis si heureuse que vous ayez accepté de venir renforcer notre équipe. Et comme vous avez peut-être déjà constaté, notre nouvelle pharmacie vous permet d'être entièrement mobile : un robot, zéro marche, des portes coulissantes pour fermer les espaces de confidentialité, et des comptoirs réglables en hauteur…
- C'est un plaisir. Ça va me faire un bien fou de retrouver les patients, répond Kenza d'un ton très enjoué.
Puis, s'avançant vers Théo, elle lui tend la main :
- Théo c'est ça ? Je suis Kenza. Je ne vais pas faire de mystères ; je suis devenue paraplégique suite à un accident de voiture. C'était il y a trois ans.
Théo l'écoute, embarrassé mais satisfait d'avoir des explications.
- Les jambes ne fonctionnent plus, mais tout va bien là-haut, poursuit Kenza en mettant l'index sur son front. Je sais encore la posologie du paracétamol…
- Oh, ne me parlez pas de paracétamol ! Ni d'amoxicilline, plaisante la titulaire. D'ailleurs Théo, tu me rappelleras d'expliquer à l'équipe la procédure pour commander des préparations magistrales d'amox.
Dans la pharmacie, Gisèle rejoint Marion au comptoir d'accueil.
- Je n'arrête pas d'y penser. Nous aurions pu éviter ce drame si nous avions été plus vigilants. C'est cette stupide affiche sur les violences conjugales qui a éveillé les soupçons de Monsieur Yanoix, dit Marion tout en consultant le planning des vaccinations de la journée.
- Il faut bien que les femmes sachent que les pharmacies sont des lieux d'écoute… Et puis Madame Yanoix va mieux désormais. Elle est sortie d'affaire. Et son salaud de mari est sous les verrous, répond Gisèle pour réconforter sa collègue.
Elles sont interrompues par un jeune homme :
- Je voudrais des préservatifs s'il vous plaît.
- Bonjour. Je vous y conduis, lui répond poliment Marion.
- J'ai 24 ans… Ils sont gratuits donc ?
- Si vous voulez bénéficier de la prise en charge, il faut choisir dans ces deux gammes.
- Ils sont bien ?, demande le client.
La question inattendue du client déconcerte la pharmacienne autant qu'elle l'amuse.
(À suivre…)