La pénurie de préparateurs en pharmacie n’est pas près de se résorber. C’est même « une année morte pour l’apprentissage des préparateurs », selon Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). La situation économique et le climat anxiogène créé par le spectre d’un arrêt des remises commerciales accordées aux officinaux sur les médicaments génériques dissuadent un peu plus les vocations et les recrutements. En effet, alors que les marges dégagées par le réseau se contractent, les postes d’employés, et donc des préparateurs, deviennent des variables d’ajustement économique. En outre, en février dernier, l’aide pour l’embauche d’un alternant a été réduite de 6 000 à 5 000 euros par apprenti. Un manque à gagner qui décourage donc les officinaux de recruter des jeunes. Ainsi, dès août, « on a vu une diminution très claire des offres d’emploi à l’annonce de la fin des remises sur les médicaments génériques », raconte Christelle Degrelle, représentante du syndicat CFE-CGC. En septembre, le quotidien régional « La Voix du Nord » a rapporté qu’une classe de préparateurs a même dû fermer au sein de l’Association Régionale des Cours Professionnels de la Pharmacie (ARCPP) de Villeneuve-d’Ascq (Nord), faute de candidat. Son de cloche similaire pour les certificats de qualification professionnel (CQP), parfois dans l’impossibilité d’ouvrir les formations, faute d’effectif suffisant. « Une situation nouvelle », alerte la syndicaliste.
Un phénomène national
Parmi les freins supplémentaires, la tendance des titulaires à privilégier l’embauche de préparateurs confirmés et opérationnels, plutôt que d’investir du temps dans la formation d’un apprenti. Un cercle vicieux, « puisque pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, il faudra former beaucoup plus ! », argumente David Brousseau, secrétaire fédéral Force ouvrière (FO) pharmacie d’officine. Dernier paramètre alimentant cette pénurie : la crise des vocations amorcée depuis la pandémie de covid-19. « Les jeunes ne veulent plus s’engager dans un métier avec des horaires contraignants et dans lequel ils n’obtiennent ni reconnaissance sociale, ni valorisation économique », explique Christelle Degrelle. Côté reconnaissance du métier, Christelle Degrelle regrette que les préparateurs ne se voient confier « que des miettes de missions ». Et de citer l’exemple de la vaccination : les préparateurs sont autorisés à administrer certains vaccins, mais pas à le noter dans le carnet de vaccination. Les aspirants apprentis préparateurs ne sont pas les seuls à se heurter à un marché de l’emploi morose. D’ici à la fin de l’année, l’Insee prévoit notamment 65 000 fermetures de postes d’alternants et les signatures de contrats d’alternance en janvier 2025 ont chuté de 15,5 %, par rapport à la même période l’an passé.