La FIP vient de recenser 25 pays dans lesquels les pharmaciens effectuent des consultations officinales pour un certain nombre d’affections communes ou sans gravité, avec ou sans prescriptions. Les « Common Ailment Schemes » (CAS) concernent essentiellement les pays anglo-saxons, mais on y retrouve aussi des pays comme la Suisse, l’Espagne, le Costa Rica ou le Nigéria. La France fait partie de la liste, à travers les TROD angine auxquels s’ajouteront bientôt les prescriptions d’antibiotiques.
Au Royaume-Uni depuis 2017
Toutefois, c’est le Royaume-Uni qui constitue le véritable terreau des CAS. La branche écossaise du NHS autorise et promeut les consultations officinales pour différentes maladies « mineures » depuis 2017. Celles-ci se déroulent avec ou sans rendez-vous à la pharmacie, dans une pièce attenante à l’officine. Le pharmacien touche un honoraire, entièrement pris en charge par le NHS, de même que ses prescriptions. Sous le nom de « Pharmacy First » (la pharmacie d’abord), le système a été récemment élargi à l’Angleterre, parallèlement à une augmentation du nombre de maladies pouvant être traitées sous cette forme. Grâce à lui, les patients peuvent échapper aux longs délais d’attente pour consulter un médecin, ceux-ci étant trop peu nombreux et en général débordés.
Le Canada est l’autre grand pays des CAS, où ils sont largement développés, sauf dans quelques provinces septentrionales, et pris en charge par les assurances publiques de santé. Les CAS se révèlent particulièrement rentables en termes financiers : outre-Manche, une consultation chez le pharmacien revient à 29,30 livres, soit 34,33 euros, alors qu’une consultation chez le généraliste coûte 96 euros et un passage aux urgences 147 euros. Au Canada, une consultation chez le pharmacien vaut 18 dollars canadiens, soit 12,44 euros, contre 45,90 euros pour une consultation chez le généraliste et 138 euros aux urgences.
Six pays, à savoir le Canada, l’Écosse, l’Angleterre, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande et l’Australie prennent totalement en charge le montant des consultations officinales. C’est aussi le cas en France, où elles sont toutefois beaucoup plus réduites. En Suisse et en Afrique du Sud, ces consultations peuvent être remboursées par les assurances santé privées des patients. Elles sont effectuées gratuitement par les pharmaciens aux États-Unis, en Espagne et en Macédoine du Nord, et sont directement payées au pharmacien par le patient au Nigeria. Les prescriptions des pharmaciens sont entièrement remboursables en Écosse, au Canada et en France, et le sont partiellement dans plusieurs autres pays, tandis qu’elles sont à la charge des patients aux États-Unis, en Espagne et en Suisse.
La FIP estime que l’absence de remboursements des prescriptions freine l’essor des consultations officinales, et que leur prise en charge renforce au contraire l’efficacité du système. Dans tous les cas, a conclu le président de la FIP, l’Australien Paul Sinclair, « il faut continuer à développer les CAS officinaux, qui constituent une nouvelle étape du renforcement de notre profession, à laquelle tous les pharmaciens doivent se former et se préparer ».