Le Quotidien du pharmacien.- Les perspectives de carrière des adjoints ont-elles évolué depuis le début des années 2000 ?
Jérôme Parésys-Barbier.- Il y a encore une vingtaine d'années, les adjoints aspiraient quasiment tous à devenir titulaires, après une dizaine d'années d'expérience. Cette évolution de carrière logique reste prisée. Néanmoins, dans la mesure où les missions du pharmacien se sont étoffées, le métier d'adjoint a pris de l'ampleur. Il devient de plus en plus attractif. Les étudiants sont désormais plus nombreux à choisir la filière officine. Par ailleurs, un nombre croissant de pharmaciens désirent rester adjoints durant toute leur carrière. Beaucoup d'adjoints (84 % sont des femmes) souhaitent consacrer du temps à leur vie personnelle. Rester salarié facilite ce choix. En outre, le contexte économique difficile ne favorise pas toujours l'installation. À l'occasion du lancement de la campagne ordinale sur la valorisation des métiers de pharmaciens, le compte Instagram dédié montre le rôle central de l'officinal.
Les adjoints peuvent, aujourd'hui, acquérir jusqu'à 10 % des parts de la pharmacie où ils exercent, tout en conservant leur statut de salarié. Cette possibilité leur permet-elle d'augmenter leurs revenus ?
C'est en tout cas l'esprit du décret n° 2017-354 du 20 mars 2017. Ouvrir la possibilité au pharmacien adjoint d'entrer au capital d'une officine - par le biais de sociétés d'exercice libéral (SEL) et/ou de sociétés de participations financières de profession libérale (SPFPL) - doit lui permettre de compléter son salaire. Dans ces conditions, plus le bénéfice de l'officine est important, plus le revenu complémentaire de l'adjoint augmente. Cela l'incite à être très impliqué et efficace. Une réflexion doit s'engager pour déterminer si ce modèle et ce niveau de participation doivent évoluer.
Leur niveau de vie a-t-il baissé ces dernières années ?
Nous n'avons pas d'éléments concrets pour répondre à cette question. Une chose est sûre, les évolutions salariales ne sont jamais perçues comme étant suffisantes. De plus, le contexte sanitaire actuel a fragilisé certaines officines. La crise du Covid et les confinements ont certainement aggravé la situation de certains adjoints qui travaillaient peu ou dont la situation ne permet pas de faire garder facilement les enfants. Par ailleurs, certaines officines ne peuvent pas embaucher plus d'adjoints. Or cela ne va pas dans le bon sens. Compte tenu des nouvelles responsabilités du pharmacien (dispensation, nouvelles missions, démarche qualité…), il semble nécessaire de recruter de nouveaux adjoints. Il faudrait donc donner les moyens aux officines d'accueillir suffisamment de pharmaciens.