L'insuffisance cardiaque est une pathologie chronique due à une anomalie cardiaque structurelle et/ou fonctionnelle. Elle correspond à l’incapacité du muscle cardiaque à assurer son rôle de pompe et de propulsion du sang pour répondre aux besoins de l’organisme en oxygène et en nutriments.
Malgré d’importants progrès thérapeutiques depuis 20 ans, l’IC reste associée à une lourde morbimortalité. Elle est catégorisée selon la fraction d’éjection du ventricule gauche (FEVG) mesurée par échocardiographie transthoracique : FEVG réduite (< 40 %), FEVG préservée (≥ 50 %) et FEVG modérément réduite (40-49 %). La sévérité de l’IC est appréciée par le stade fonctionnel de la classification de la New York Heart Association (NYHA). La cardiopathie ischémique (70 % des cas) et l’hypertension artérielle (20 % des cas) en sont les causes principales. L’IC est 4 fois plus fréquente chez les patients diabétiques, mais plus de la moitié des patients insuffisants cardiaques ne sont pas diabétiques Les autres facteurs de risque sont l’excès de poids et l’obésité, les dyslipidémies ou encore le tabac. Au cours des dernières années, de nombreux essais cliniques ont démontré les bénéfices significatifs sur la morbimortalité de nouvelles classes thérapeutiques dont les gliflozines.
Une efficacité démontrée sur des critères précis
Le mode d'action des gliflozines dans le traitement du diabète de type 2 est bien connu. Dans l’IC chronique à fraction d’éjection réduite, on considère que ces inhibiteurs compétitifs sélectifs et réversibles du cotransporteur de sodium glucose de type 2 (iSGLT2) réduisent l’absorption du sodium, augmentent le feedback tubuloglomérulaire et par voie de conséquence réduisent la pré et la postcharge cardiaque, ils entraînent une diminution de l’activité du système sympathique. D’autres mécanismes d’action pertinents, tant dans l’IC à fraction d’éjection réduite que dans celle à fraction d’éjection préservée, ont également été décrits.
Jardiance (empagliflozine) a démontré un bénéfice sur la morbimortalité chez les patients atteints d’IC chronique symptomatique à fraction d’éjection réduite (FEVG ≤ 40 %). La molécule a obtenu une extension d’AMM dans cette indication et la commission de la transparence (CT) a donné un avis favorable à son remboursement (65 %) uniquement en traitement de recours, en ajout d’un traitement standard optimisé chez les patients adultes qui restent symptomatiques (classe NYHA II à IV) malgré ce traitement. Cet avis favorable s’appuie sur les résultats de l’étude de phase III Emperor-Reduced. Au total, 3 730 patients recevant soit Jardiance 10 mg, soit un placebo per os une fois/jour, en complément des traitements standards recommandés.
Après un suivi médian de 16 mois, les résultats ont montré comparativement au placebo, une réduction de 25 % du risque de survenue de décès cardiovasculaire et hospitalisation, et ce indépendamment du statut diabétique ; une réduction de 30 % du nombre d’hospitalisations totales (initiales et récurrentes) pour IC ; un ralentissement de la vitesse du déclin du débit de filtration glomérulaire estimé (DFGe).
D'après une conférence de presse de Boehringer Ingelheim France/Lilly France.