La Pharmacie du Marché

J-C Pontignac, futur ministre de la Santé !

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Publié le 31/12/2020
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Notre feuilleton de l'hiver, épisode 8. J-C, Karine, Julien et Jean-Paul échangent au sujet des vaccins contre la grippe et des tests Covid. Ils sont en désaccord.

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- Et après ? Si quelqu'un demande un vaccin contre la grippe, je lui délivre même s'il n'est pas dans la population cible. C'est une question de Santé publique.

- Jean-Christophe Pontignac, futur ministre de la Santé, ironise Karine, un mug de thé à la main.

- Tu plaisantes, mais les pharmaciens au ministère sont plus efficaces que les médecins. La preuve, avec Bachelot.

Il est plus de 19 h 00 et la Pharmacie du Marché a fermé ses portes depuis dix minutes. Habituellement pressée de partir, l'équipe s'attarde et échange sur divers sujets. Dans la salle de pause, Damien et Christèle parlent cuisine, évoquant la participation d'une étudiante en pharmacie à la nouvelle saison du meilleur pâtissier. Dans le bureau, Julien est appuyé contre la fenêtre, les bras croisés. Il fait face à Karine lovée dans le petit canapé et à J-C. Jean-Paul, habituellement réfractaire à toute conversation, se tient debout dans l'encadrement de la porte.

- Nous avons des directives de l'Ord…

Rien d'officiel, arrête. Ils nous disent de délivrer en priorité les vaccins aux patients qui ont un bon de l'Assurance-maladie, mais ce n'est pas une obligation ; c'est juste une préconisation.

- Tu me laisses parler oui ou non ?, s'agace Karine en le fixant droit dans les yeux. C'est tout à fait compréhensible de vacciner d'abord les personnes à risque. Et même si ce n'est pas dit explicitement, on risque vraiment de manquer de doses de vaccins cette année.

- Alors tu refuses de délivrer une dose de vaccin à un type ou une femme qui veut se protéger ? Mais en se vaccinant, ces personnes participent à l'immunité collective. Je ne vois pas pourquoi on leur dirait non ? C'est de la Santé publique comme l'a dit J-C, intervient Jean-Paul.

- Non, la santé publique c'est de mettre en place la stratégie la plus efficace. En priorisant la vaccination des sujets fragiles, tu assures comme tu dis une immunité collective. Mais en plus tu assures leur protection individuelle, corrige Julien.

- En fait, j'ai l'impression que vous deux, êtes plus dans une démarche commerciale : il ne faut pas refuser une vente…

Jean-Paul et J-C se regardent. La déclaration de Karine passe mal.

- Non, ça n'a rien à voir, se défend J-C. Je pense sincèrement qu'il faut accepter de vacciner tous ceux qui nous le demandent…

- Ah non ! On ne peut pas vacciner les personnes hors cible, le reprend Karine.

- Oui, oui, je corrige : délivrer à ceux qui le demandent, avec ou sans bon.

Karine boit une gorgée de thé ; Jean-Paul regarde l'heure et commence à déboutonner sa blouse.

- Et pour les tests antigéniques Covid sinon, qu'est-ce qu'il en est ?, demande Julien.

- Rien de neuf. Pour l'instant, on ne peut faire que les tests séro. Enfin, c'est ce que j'ai compris, répond la titulaire.

- Mais on pourrait bien commander des tests par eux, poursuit J-C en tendant aux autres une promotion d'un laboratoire reçue plus tôt dans la journée. S'ils en vendent, c'est qu'on peut les faire.

- Et depuis quand les décisions sont prises par les laboratoires ? Non, on attend les consignes pour savoir si on peut les utiliser en tant que TROD.

Tandis que Jean-Paul, Julien et J-C enchaînent sur la santé du président américain, Karine consulte son téléphone.

- Oh non. Regarde ça J-C…, dit-elle, blême, en lui montrant son écran.

(À suivre…)

David Paitraud

Source : Le Quotidien du Pharmacien