Le Quotidien du pharmacien. - Vous êtes française mais vous exercez à Bruxelles depuis quelques années : quelles différences ressentez-vous entre les pharmacies françaises et belges ?
Isabelle Zion. - Franchement, je n’en perçois quasiment aucune, et les fonctions assurées par les adjoints varient plus en fonction des titulaires qu’en raison de la nationalité de la pharmacie. Le cœur de métier est vraiment le même, avec la même proximité vis-à-vis des patients. Par contre, la pharmacie française me semble plus globale que la pharmacie belge qui, par exemple, n’a pas d’activité en orthopédie.
En France comme en Belgique, les pharmacies misent sur les nouvelles missions et l’innovation. Quels sont les atouts des officines belges dans ce domaine ?
Le système de santé est fortement numérisé et je trouve cela très bien. Il n’y a plus de « carte vitale » en Belgique, car c’est la carte d’identité qui remplit cette fonction ! Depuis quelques mois, les ordonnances électroniques sont obligatoires, et arrivent directement sur les cartes d’identité des patients, on y gagne en sécurité et en rapidité. Les patients peuvent aussi suivre et gérer toutes leurs prescriptions grâce à l’application « mesmédicaments.be » : il est possible de réserver des médicaments auprès de la pharmacie de son choix, tout en décidant au cas par cas qui peut accéder à ses listes des médicaments enregistrés.
Les pharmacies en ligne sont aussi très actives en Belgique même si, comme en France, elles doivent se limiter aux médicaments non prescriptibles. Ces plateformes inquiètent-elles les pharmaciens ?
Oui, elles sont vues comme une menace par beaucoup d’officines. Mais devons-nous vraiment nous mobiliser contre elles, ou bien les percevoir comme une évolution inéluctable, comme le fut à une époque la perte de la parapharmacie ? Je pense que nous pouvons au contraire développer des services et des missions qui nous sont propres et, par exemple, les pharmaciens devraient bientôt pouvoir effectuer des consultations rémunérées pour certaines affections non graves, afin de libérer les médecins de ces tâches et de gagner du temps. C’est important pour les officines, mais aussi pour l’avenir et l’attractivité même de la profession de pharmacien !
*Adjointe dans une pharmacie à Bruxelles.