« Pour le bon déroulement du sommeil, une relation de phase optimum est nécessaire entre les différents rythmes circadiens que sont les cycles d’alternance veille/sommeil, de la température corporelle, de la sécrétion de mélatonine…», explique le Dr Claustrat. « Dans les conditions physiologiques, la mélatonine favorise l’endormissement et le maintien du sommeil, c’est pourquoi elle est considérée comme "l’hormone de la nuit". Toutefois, lorsque cette dernière est administrée à l’effet hypnotic-like ou soporifique favorisant la propension au sommeil, s’ajoute un effet chronobiotique qui permet de modifier les caractéristiques d’un rythme en termes de période, d’amplitude ou de phase. C’est cette propriété qui est mise à profit pour la prévention des effets du décalage horaire (avance ou retard de phase selon l’heure d’administration) ou dans le syndrome de retard de phase » par une action sur l’horloge circadienne.
La pharmacocinétique, un élément-clé pour comprendre l’action de la mélatonine
Les profils plasmatiques de la mélatonine à libération immédiate (LI) et de celle à libération prolongée (LP) reflètent la pharmacocinétique propre à chaque forme. Pour la mélatonine LP, le pic de concentration plasmatique a lieu entre 2 et 4 heures après l’ingestion, avec une concentration maximale pouvant atteindre 1 000 pg/mL (environ 10 fois la concentration physiologique sanguine du pic nocturne) ; la cinétique de la mélatonine LI est beaucoup plus rapide. La forme LP, en prolongeant la libération de mélatonine, favorise une exposition sur la durée, mimant ainsi la sécrétion physiologique normale de mélatonine durant la nuit.
Vieillissement physiologique, effet sur le sommeil et sécrétion de mélatonine
Avec l’avancée en âge, la relation entre les différents rythmes biologiques impliqués dans la régulation du sommeil se modifie, aboutissant à un endormissement et un réveil plus précoces avec, en parallèle, une diminution de l’amplitude de la sécrétion de mélatonine endogène, ce qui contribue aux fréquentes perturbations du sommeil rapportées par les personnes de plus de 55 ans (1) . Ainsi, dans l’objectif d’améliorer le sommeil des patients dans cette tranche d’âge atteints d’insomnie et pour limiter la consommation inappropriée de benzodiazépines et apparentés (ou composés Z), la HAS a stipulé que la mélatonine (Circadin®) pourrait être une réponse partielle car le rapport efficacité/tolérance apparaît favorable (2).
Les recommandations de la Conférence de consensus
Compte tenu de l’intérêt grandissant de l’utilisation de la mélatonine dans la prise en charge de l’insomnie, les experts de la Société française de recherche et médecine du sommeil ont publié de nouvelles recommandations mentionnant une absence d’indication pour l’insomnie de la mélatonine LI et une évidence de grade A pour la mélatonine LP (Circadin®) avec une diminution de la latence d’endormissement, une amélioration de la qualité du sommeil, de la vigilance matinale et de la qualité de vie sans effets secondaires graves et sans syndrome de sevrage (3).
De nombreux compléments alimentaires, un seul médicament
« La mélatonine étant une molécule simple, facile à synthétiser et non brevetable en l’état, elle est disponible sous forme de denrées alimentaires, autrement dit des compléments, le plus souvent à libération immédiate à des doses inférieures à 2 mg et souvent associée à d’autres constituants », rappelle le Dr Claustrat. « Une seule spécialité pharmaceutique , Circadin® 2 mg à libération prolongée, est indiquée dans l’insomnie primaire chez le patient de 55 ans. Sa délivrance doit être accompagnée de conseils sur l’importance de la prise journalière pendant quelques semaines et le respect des règles essentielles d’hygiène du sommeil ».
Sources
1. Santé publique France. Insomnie, fatigue et somnolence : prévalence et état de santé associé, déclarés par les plus de 16 ans en France métropolitaine. Données ESPS 2008 [en ligne]. [Consulté le 01/12/2020].
2. Haute Autorité de santé (HAS). Quelle place pour la mélatonine (Circadin®) dans le traitement de l’insomnie ? [en ligne]. [Consulté le 01/12/2020].
3. Vecchierini MF, et al. Melatonin and its use in neurological diseases and insomnia: Recommendations of the French Medical and Research Sleep Society (SFRMS). Rev Neurol (Paris). 2020. https://doi.org/10.1016/j.neurol.2020.06.009.
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