Quelles obligations légales
Légalement parlant, l’employeur doit veiller à la santé et à la sécurité de ses salariés (article L4121-1 du code du travail) en mettant en place des actions de prévention, d’information et de formation. Cela implique, notamment, d’éviter tout risque de contamination sur leur lieu de travail. S’il ne peut les éviter, il doit les évaluer et mettre en œuvre des mesures de prévention. Les résultats de cette évaluation sont consignés dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), obligatoire pour l’entreprise. Puis, l’employeur doit mettre en œuvre des actions de prévention, formation, méthode de travail ou de production assurant un meilleur niveau de protection pour la santé et la sécurité. C’est au titulaire de fixer les consignes de sécurité. À l’officine, les deux risques principaux pour la santé des employés proviennent de la manipulation de produits chimiques et de la contamination biologique. Dans le premier cas, seules les personnes diplômées sont autorisées à manipuler les substances chimiques. En revanche, toute l’équipe peut potentiellement être exposée à une contamination virale ou bactérienne.
Quelles mesures pour prévenir le risque de contamination extérieure ?
En 2009, l’épidémie de grippe H1N1 a rappelé l’importance de connaître les protocoles de protection afin de pouvoir rapidement mettre en place des mesures barrière. À cette époque, les autorités de santé avaient organisé des formations à l’intention des pharmaciens afin de les aider à gérer le risque de contamination. La pandémie liée au Covid-19 a rappelé cette nécessité. Le port d’un masque de protection, l’utilisation et la mise à disposition de gel hydroalcoolique, l’installation de parois en plexiglas ont constitué des mesures barrières efficaces qui peuvent être adoptées en cas de besoin comme un modèle de protection. Attention aux officines qui les ont abandonnées, même partiellement, car la prochaine vague de Covid-19 se profilant, l’équipe officinale se doit de montrer l’exemple autant qu’elle est tenue de se protéger. En période de pic infectieux, on peut aller jusqu’à condamner les linéaires en libre-service qui sont logiquement les plus à risque.
Le parcours du nettoyant
Nettoyer un espace signifie le dépoussiérer, le débarrasser des déchets, le désinfecter. À l’officine, le ménage peut être effectué tous les jours dans la zone commerciale, tous les deux ou trois jours dans le back-office. Pour procéder le plus efficacement, on progressera de la pièce la plus propre à la pièce la plus sale, cela afin d’éviter de disséminer les germes. Les toilettes, surtout si elles sont ouvertes au public, le comptoir, qu’on touche avec les mains et sur lequel on souffle, font partie des zones les plus exposées aux germes dans l’espace commercial. Certains objets comme la machine à carte bancaire, les poignées de porte, le plexiglas seront à désinfecter systématiquement. Le ménage ne doit pas exclure les endroits moins fréquentés de l’officine comme la réserve, le sas de réception des livraisons, le préparatoire ou la vitrine qui sera dépoussiérée régulièrement comme les linéaires de parapharmacie, également par soucis esthétiques.
Désinfecter le matériel
Parce qu’il est réutilisable, le matériel médical de location est particulièrement à risque de transmission des germes par contact. Il doit donc faire l’objet d’un nettoyage minutieux entre deux utilisations. Une personne formée au protocole de désinfection sera déléguée à cette tâche particulière. Elle doit se laver les mains avant et après l’opération, utiliser un produit désinfectant efficace et tracer tout le mode opératoire qu’elle aura suivi (description des gestes, du produit employé, date, lieu, nom du salarié). L’enregistrement de l’acte permet à l’officine de faire la preuve de la désinfection. Tout le matériel de location est concerné, fauteuil roulant, lit médicalisé (hormis le matelas), aérosol (appareil, fil électrique, coffret de transport), tire-lait… Ces mesures d’hygiène, souvent chronophages, sont de plus en plus déléguées à un sous-traitant.
Choisir ses produits nettoyants
Trop souvent, l’officine ne contrôle pas les produits nettoyants utilisés par les sous-traitants chargés de faire le ménage. Il arrive aussi qu’elle se fournisse dans les grandes surfaces et mélange les substances entre elles, ce qui peut produire des réactions chimiques ou simplement annuler leur activité. Or les produits nettoyants doivent être adaptés aux lieux auxquels ils se destinent, être bien dosés et appliqués le temps nécessaire pour agir. En pharmacie, ils doivent en outre avoir une action désinfectante. Pour l’informer et l’aider dans son choix, le titulaire peut se référer* à la liste positive des désinfectants dressée par la Société française d’hygiène hospitalière (juin 2009, SFHH). Ce document répertorie les produits désinfectants à activité antimicrobienne (hormis les détergents exclusifs) destinés au traitement des sols, surfaces, du mobilier, des dispositifs médicaux, des mains, en indiquant pour chacun le nom commercial, le fabricant, le principe actif de base, la concentration d’utilisation, le spectre et le temps d’action, les présentations…
La chambre froide
Parce qu’elle contient des produits qui doivent être maintenus à une température basse et constante, la chambre froide ne constitue pas une étape facile dans le protocole d’hygiène de l’officine. Pourtant elle doit être nettoyée régulièrement, même si les germes se développent moins facilement dans un environnement froid. Pour effectuer l‘opération dans les règles, l’officine devra disposer d’une deuxième enceinte réfrigérée. De cette façon elle pourra procéder au nettoyage de la première sans risque de rompre la chaîne du froid.
(Sujet réalisé en collaboration avec Philippe Villeneuve, pharmacien, consultant qualité, DU d’hygiène hospitalière).
* Un « Guide pour le choix des désinfectants » est également consultable (janvier 2015, SF2H).