Le Quotidien du pharmacien. - Quels conseils de soin du pied peut-on rappeler au patient diabétique ?
Hélène Prêcheur. - La perte de sensibilité qui est une complication du diabète peut masquer toute sensation de frottement, de pression et même les blessures. Le patient doit donc contrôler au quotidien l’état de ses pieds (sans oublier les ongles) afin de repérer toute atteinte cutanée potentiellement dangereuse car vouée à une cicatrisation difficile et au risque d'infection. Il faut aussi vérifier les chaussures afin d’éliminer tout point agressif à l'intérieur. Pour nettoyer les pieds, l'idéal est de les plonger dans un bain additionné de sels à pH acide biologique (acide lactique, acide citrique) à l’effet dynamisant. Au sortir, on essuie la peau par tamponnement en évitant de frotter. En cas de plaie, on nettoie simplement en contournant la zone de lésion qui sera désinfectée avant d'appliquer un produit cicatrisant. Ensuite, il faut hydrater la peau à l’aide d’une émulsion (formules 24 heures à privilégier), un geste incontournable qui protège contre la formation d'hyperkératoses. Si, malgré tout, la corne s'épaissit, il vaut mieux confier à un podologue/pédicure le soin de la retirer.
Ceux qui n’ont pas les pieds secs ont en général tendance à transpirer. L'objectif sera donc d'éviter la macération favorable au développement bactérien en utilisant des formules à visée nettoyante, antibactérienne et antimycosique. Enfin, il faut rappeler au patient diabétique que les crèmes kératolytiques et spécifiquement les coricides sont à proscrire.
Quels produits peuvent compléter le rayon du soin des pieds ?
En dehors des crèmes spécifiques pour les pieds et des pansements, on peut réunir les accessoires de type râpe, les chaussures y compris thérapeutiques (CHUT ou CHUP), les chaussettes (spécifiques pour les patients diabétiques), les semelles ou encore les talonnettes au sein d’un corner pied à placer non loin des aides à la mobilité.
Avec quels professionnels travailler en réseau ?
Le pédicure-podologue, l’IDEL (surtout en cas de plaie), le kinésithérapeute pour la question de la mobilité, les médecins généralistes et spécialistes en cas de plaie chronique (type mal perforant plantaire), les aides à domicile et les aides-soignantes impliquées dans les soins d’hygiène formeront un réseau efficace.
* Fondatrice et dirigeante de l'institut de formation Pharmareflex.