Conseils d'expert…

Hélène Prêcheur

Publié le 25/06/2021
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Fondatrice et dirigeante de l'institut de formation Pharmareflex

Le Quotidien du pharmacien. – Quels sont les principaux types d'incontinence auxquels l'officine peut répondre ?

Hélène Prêcheur.– C'est une pathologie qui peut prendre trois formes principales : l'incontinence d'effort fait souvent suite à un accouchement (30 % des cas de faiblesse urinaire) ou survient à la ménopause en raison de la fonte musculaire que provoque la perturbation hormonale ; l'incontinence par regorgement est un trop-plein urinaire dû à une vessie hypoactive ou paralysée ; l'incontinence par miction impérieuse ou instabilité vésicale est causée par une hyperactivité de la vessie sous l'effet de substances qui irritent les parois (comme l'alcool, le tabac, le thé, le café…) ou par un obstacle sur les voies urinaires (adénome de la prostate, fécalome…).

Comment aborder la question de l'incontinence au comptoir ?

Deux types de public peuvent être concernés par cette problématique. Soit il s'agit d'actifs qui peuvent se déplacer à l'officine ; soit le patient est maintenu à domicile, a des difficultés pour se déplacer, est alité ou en perte d'autonomie. Dans ce dernier cas, l'interlocuteur de l'officine est un aidant, une aide à domicile, une infirmière libérale ou un service de soin infirmier à domicile.

Face à un public autonome, le pharmacien s'appuie sur l'ordonnance que le patient ne manquera généralement pas de présenter, 90 % des cas d'incontinence pouvant être traités par traitement médicamenteux (anticholinergiques, antispasmodiques urinaires), rééducation périnéale, ou par chirurgie. Les autres profils d'incontinents – femmes en post-accouchement, en période de ménopause, hommes traités pour la prostate… - peuvent facilement être interpellés sur la question de l'incontinence en lien avec leur situation propre. Les aidants et prescripteurs de patients à domicile peuvent être sensibilisés aux produits par la délivrance de quelques échantillons accompagnés d'une grille de prix, mais il faudra choisir un moment propice où l'interlocuteur est disponible pour en parler.

À quoi doit veiller le pharmacien dans son conseil ?

Le discours lié à l'incontinence doit être médicalisé car cette problématique a trop été banalisée par la GMS, principal circuit concurrent dans ce domaine. Il faut un motif médical pour que le patient se rende en pharmacie, et l'incontinence, qui est une pathologie, en est un. Attention, toutefois, à aborder le sujet avec discrétion et, au besoin, dans l'espace de confidentialité. Veillez également au vocabulaire employé pour évoquer le problème. Face à une personne incontinente, on parlera de gênes ou de fuites urinaires sans nommer précisément l'incontinence. De même, on préférera le terme de « protection » à celui de « couche », trop avilissant. Enfin, il faut donner une visibilité à ces produits en les exposant dans le rayon de la sphère intime (hygiène, protections périodiques) pour les femmes et celui de l'hygiène (déodorants, mousses à raser, préservatifs) pour les hommes. Les protections pour les personnes à domicile rejoindront, quant à elles, l'univers du matériel médical. La politique de prix pour ces produits doit être maîtrisée si l'on veut capter la clientèle du circuit GMS.

Propos recueillis par A.-S.P.

Source : Le Quotidien du Pharmacien