Appelé gros thym aux Antilles, Plectranthus amboinicus (Lour.) Spreng. (syn. Coleus aromaticus) (Lamiacées) est une plante herbacée atteignant un mètre de haut, originaire d'Asie tropicale et largement répandue dans toutes les zones tropicales. Ses feuilles dentées, succulentes, arrondies à l'extrémité sont duveteuses et les tiges sont recouvertes de poils glanduleux. La hampe florale porte de nombreuses fleurs en grappe aux pétales bleu clair ou blanchâtres, divisées en deux lobes dont la lèvre supérieure est allongée. La plante est aromatique avec une odeur rafraîchissante. Elle se cultive par multiplication végétative. Une huile essentielle est produite en Martinique et au Cambodge.
Rhumatismes, fièvre, asthme…
Les feuilles sont utilisées en médecine traditionnelle dans la plupart des régions tropicales. En Martinique, les feuilles macérées dans du rhum, en teinture ou simplement pilées sont appliquées en massage contre les rhumatismes. Les feuilles écrasées sont aussi utilisées en cataplasme pour désinfecter les plaies. Aux Antilles, la décoction ou l'infusion est indiquée par voie orale contre la fièvre, la grippe, l'asthme, les douleurs abdominales et la nervosité. Au Brésil, c'est un remède contre les affections pulmonaires, les douleurs et la leishmaniose.
En Asie du sud-est, elle est préconisée contre la toux, la fièvre, en Chine contre l'asthme, en Inde pour la cicatrisation et le diabète et en Indonésie pour stimuler la lactation.
En médecine vétérinaire, les Zoulous d’Afrique australe donnent les feuilles à leurs troupeaux pour réduire les congestions nasales et les mucosités et faciliter l'expectoration.
La feuille renferme une huile essentielle riche en carcacrol, thymol, camphre, delta-3-carène, γ-terpinene, Ω-cymène et ∝-terpinene. Elle contient des flavonoïdes (salvigénine, 6-méthoxygenkwanine, ériodictyol, taxifoline, quercétol, chrysoériol, lutéoline et apigénine), des acides triterpéniques (acides euscafique, maslinique, oléanolique, ursolique), de l’acide rosmarinique, de la vitamine C et du ß-carotène.
Un effet analgésique non opiacé
Un effet analgésique non opiacé est montré dans le test du writhing chez la souris et les extraits atténuent la douleur dans l'arthrite rhumatoïde. L'effet anti-inflammatoire est démontré chez le rat. Appliqués sur la peau, les extraits réduisent les inflammations, les irritations et les démangeaisons. Ils sont antibactériens vis-à-vis de souches de staphylocoque doré résistantes à la méthicilline et d'Escherichia coli. L'huile essentielle est active sur des pathogènes responsables d'infections buccales tels que Streptococcus mutans et Actinomyces viscus. La forte teneur en zinc favorise la cicatrisation.
La feuille est antidiabétique : des extraits éthanoliques baissent la glycémie chez le rat normal après administration d'une surcharge en glucose et chez le rat rendu diabétique en améliorant les fonctions pancréatiques.
L'huile essentielle est active sur des pathogènes responsables d'infections buccales
Un extrait hydroalcoolique est diurétique chez le rat et un extrait aqueux réduit la formation de cristaux d'oxalate de calcium, intéressant dans les lithiases. L’extrait alcoolique de feuille protège de la toxicité rénale induite par l'acétaminophène et de l'hépatotoxicité induite par le tétrachlorure de carbone chez le rat.
Les extraits aqueux et alcoolique montrent un effet antitussif similaire à celui de la codéine dans un modèle expérimental chez le cobaye ; les extraits fluides réalisés à partir de l'extrait aqueux exercent un effet expectorant chez le rat.
L'action anxiolytique d'un extrait éthanolique a été montrée dans 3 tests comportementaux chez la souris.
Un essai original a mis en évidence l'effet de l'huile essentielle dans la prévention du développement de cellules du mélanome introduites chez la souris. De plus, l'extrait alcoolique inhibe la croissance du sarcome-180 et du carcinome d'ascite d'Ehrlich chez la souris.
La feuille n'est pas toxique et n'induit pas d'effets secondaires.
Les essais pharmacologiques confirment la plupart des usages traditionnels très diversifiés : analgésique, anti-inflammatoire, antidiabétique, diurétique, antitussive, fluidifiante et anxiolytique.
Repères
La feuille est inscrite depuis 2015 sur la liste des plantes médicinales de la Pharmacopée française. Elle est traditionnellement indiquée par voie orale dans les troubles digestifs et la nervosité, en cataplasme sur les plaies et les piqûres.
Un tour du monde des plantes qui soignent, Afrique, Amériques, Chine, Outremer, Europe (2018) Fleurentin J. & Weniger B., Éditions. Ouest France, 239 p.