Graine de criminel

Quelle science partagée peut réunir criminologie et pharmacie ? La botanique, répondra sans aucun doute Patricia Wiltshire. Depuis 30 ans, cette biologiste britannique spécialisée en archéologie environnementale, aide les services de police à élucider des crimes. Comment ? En scrutant, comptant, identifiant, classant les grains de pollen retrouvés sur les scènes de crime. Cela s’appelle la palynologie. Le parcours remarquable de cette scientifique passée par la zoologie, la botanique… et la palynologie est raconté par le magazine M (Le Monde) du 8 mars qui rappelle comment, en 1994, un policier dans l’impasse de son enquête est venu solliciter l’enseignante. Un macchabée retrouvé dans un champ de maïs, un coupable supposé, mais pas de preuves… Des pollens avaient été retrouvés dans la voiture du suspect. « Pollen Pat », comme l’appellent désormais les policiers, scrute les grains au microscope (elle en a 6 !), les compte, les identifie… Et un biotope surgit dans son imaginaire scientifique : « Petit à petit, un paysage s’est dessiné dans mon esprit, j’ai pu me représenter le champ », se rappelle-t-elle. Une représentation si forte et si précise que quelques jours plus tard, en arrivant sur place, Patricia Wiltshire avait désigné sans hésiter une seconde la haie où le corps de la victime avait été retrouvé quelques jours plus tôt. De toute évidence, l’assassin était venu là en voiture pour déposer le cadavre. C.Q.F.D. Plus fort que l’ADN ou les empreintes digitales – et surtout lorsqu’on n’en dispose pas… – , l’observation de la nature portée par une connaissance intime de la botanique, des biotopes et des écosystèmes, promet encore à « Pollen Pat » une longue carrière de criminologue. « Ce qui m’intéresse, c’est l’écologie des choses. Chaque promenade dans la nature laisse sur nous une trace. Nos mouvements peuvent être traqués, même sans caméra », résume-t-elle. Armée de ce savoir, Patricia Wiltshire aurait pu, à l’image d’une autre célèbre britannique, faire une belle carrière d’écrivain de romans policiers. Elle préfère s’en tenir, dans la vraie vie, à mettre son expérience au service de la chasse au crime.