De nombreux officinaux, ont eu la mauvaise surprise de recevoir cet été une lettre de leur agence régionale de santé (ARS) au sujet de la sérialisation. Ce courrier leur demandait, de façon presque comminatoire, de mettre en œuvre immédiatement le dispositif de lutte contre la contrefaçon.
Le 7 mai, à l'issue d'une réunion de suivi avec le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), les syndicats représentant la profession et les éditeurs de logiciels, le ministère de la Santé avait annoncé un objectif de 3 000 officines à connecter tous les mois afin d’atteindre 100 % des officines connectées au répertoire national de vérification des médicaments (NMVS) à la fin de l’année 2021. Mais, à ce jour, le dispositif contre la falsification des médicaments initié par la directive européenne 2011/62/UE est bien loin d'être appliqué dans les pharmacies françaises. Selon les derniers chiffres publiés par France MVO (organisme chargé du déploiement du dispositif au niveau national) seulement 800 officines sont reliées à la base européenne. Ce faible déploiement inquiète les autorités de santé, qui mettent donc la pression sur les titulaires. Une autre évaluation est prévue en fin d’année pour mesurer les résultats espérés.
Les éditeurs de LGO incriminés
Sur le papier, la mise en place de la sérialisation des médicaments est plutôt simple. Au moment de la dispensation, l’équipe de l’officine scanne la boîte délivrée. Cette action engendre une connexion à la base de données européenne afin de vérifier l’authenticité du médicament. La réponse est alors immédiatement transmise au comptoir afin de réaliser la dispensation. L’interrogation de la base permet également de désactiver l’identifiant unique du dispositif (IUD) afin de garantir la non-réutilisation du code.
Mais en pratique, les choses semblent plus difficiles à mettre en place. Une partie de ping-pong s’est engagée depuis plusieurs semaines entre les syndicats représentant la profession et les éditeurs de logiciel.
Les premiers rejettent la faute de ce retard de déploiement sur les développeurs des outils informatiques. Et pourtant, la mise en place de cette lutte contre la falsification des médicaments n’est pas un sujet nouveau. Cela fait maintenant plusieurs années que l’échéance est connue de tous. Les syndicats reprochent ainsi aux éditeurs un manque d’anticipation et l’absence de concertation en amont avec la profession.
En réponse, les acteurs de l'informatique officinale arguent que la mise en place de processus nécessite des développements spécifiques et une mise en place au sein des officines. Autant d'actions qui ont un coût qu'il convient de reporter sur l’abonnement des pharmacies… La situation semble aujourd’hui dans l'impasse, chacun campant sur ses positions.
Mais le nouveau coup de pression mis cet été par les autorités de santé devrait obliger rapidement les différents acteurs à trouver une solution. Car la France, au niveau européen, fait figure de mauvais élève dans la lutte contre la contrefaçon des médicaments. Une image à corriger d'urgence, à quelques mois de la prise de la présidence de l’institution par notre pays.
Les concentrations continuent
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