Le cloud a déjà une histoire conséquente dans le petit monde de l’informatique officinale mais ne s’est pas pour autant imposé partout.
Les grands éditeurs se sont certes emparés de cette méthode d’hébergement pour faciliter la gestion de leurs logiciels grâce à la centralisation qu’elle implique, mais nombreux sont ceux qui fonctionnent encore avec l’architecture classique qui suppose la présence d’un serveur dans la pharmacie où sont conservées les données. Pour les pharmaciens, l’avantage est avant tout lié à la sécurité qu’apporte l’hébergement de leurs données dans des ordinateurs très sécurisés. C’est en tout cas le premier argument avancé par les éditeurs qui utilisent le cloud pour leur logiciel. « Sécuriser ainsi les données c’est sécuriser la pharmacie entière », rappelle ainsi Camille Girard, responsable marketing de Winpharma, qui souligne le nombre croissant de problèmes liés aux catastrophes naturelles, les inondations surtout. Et cela apporte également un confort de gestion au quotidien, plus besoin d’assurer des sauvegardes régulières. L’autre avantage du cloud est la simplification des mises à jour.
Que se passe-t-il avec les données hébergées ?
Mais tous ne sont pas forcément d’accord là-dessus. On pourrait penser que les éditeurs qui n’utilisent pas le cloud le font pour des raisons techniques et financières. Il faut en effet signer des accords avec des spécialistes de l’hébergement, qui plus est doivent être agréés pour pouvoir stocker des données de santé. « La sous-traitance n’est pas réellement un vrai problème, il y a désormais beaucoup d’acteurs sur le marché , explique cependant William Le Bellego, président de Pharmaland.Pour moi, le principal problème est lié à la centralisation de ces données, cela peut faire peur aux pharmaciens, on peut imaginer de grosses bases de données composées avec des data qui leur appartiennent pourtant .», De ce point de vue, les éditeurs doivent montrer patte blanche. Laurent Iff, directeur de l’éditeur suisse Cloudsoft, dont le nom même dit bien l’importance qu’il accorde au cloud, explique déjà que la réglementation de son pays impose d’héberger les données de santé sur le territoire suisse, tout comme la France du reste exige qu’elles soient abritées dans l’Hexagone, mais surtout, l’éditeur « s’engage contractuellement à ne pas traiter ces données, sauf si le pharmacien le demande pour son propre compte, à l’exception évidemment des données de santé ».
S’adapter plus rapidement aux évolutions
Le cloud peut pourtant apporter un certain nombre d’autres avantages que certains éditeurs exploitent, la possibilité d’intégrer d’autres fonctionnalités ou applications. C’est ainsi que Smart Rx, qui migre progressivement son logiciel vers le cloud (voir notre article du 29 septembre dernier), peut plus aisément s’ouvrir à d’autres produits, comme il l’a fait avec le gestionnaire d’agendas Sivan ou le distributeur automatique de façade conçu par la société Pharmamax.
Le cloud permet de mieux gérer les liens avec les très nombreuses autres applications et fonctionnalités hors LGO stricto sensu, il n’y a qu’à songer aux nombreuses cartes de fidélité des groupements. De ce point de vue, William Le Bellego préfère travailler sur l’interopérabilité du logiciel avec l’extérieur. Smart Rx poursuit sa logique et évoque les facilités qu’apporte le cloud vis-à-vis de certains usages en pharmacie : « cela pourra ouvrir certaines possibilités, celles d’avoir des caisses mobiles ou autonomes, où le client pourra faire son encaissement », nous confiait Carlos Abrantès, directeur commercial de Smart Rx en septembre dernier. Laurent Iff révèle que le cloud permet à sa société Cloudsoft de s’adapter plus rapidement à certaines évolutions : « par exemple, les pharmacies suisses ont la possibilité de réaliser des tests Covid, nous avons pu mettre vite en place la gestion de ces tests et surtout leur facturation, de même, nous avons une application mobile que les pharmaciens peuvent proposer à leurs patients, auxquels on donne la possibilité de voir à leur dossier à la pharmacie, ce qui serait impossible à partir d’un serveur. »
L’intérêt de recourir au cloud peut aussi être financier, puisque selon Carlos Abrantès, « les applications sont de plus en plus gourmandes et les volumes de données stockées de plus en plus considérables, d’où un ralentissement rapide d’un nouveau PC, au bout de deux ans seulement ». Le cloud permet de s’affranchir de cette contrainte technique et de ses coûts. Mais cette économie est à mettre en parallèle avec le coût lié à l’hébergement centralisé des données. Pour William Le Bellego, cela revient à peu près au même. « Je suis persuadé que ce n’est pas si rentable », affirme-t-il.
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