Le Quotidien du pharmacien.- Comment travaille le ministère pour que les personnes en situation de handicap ne soient pas exclues des milieux professionnels ?
Geneviève Darrieussecq.- Tout d’abord, l’emploi est plus accessible : le taux de chômage des personnes en situation de handicap a baissé de presque 6 points depuis 2017 (13 % en 2022 contre 19 % en 2017) et le nombre d’apprentis en situation de handicap a été multiplié par trois. Mais nous devons encore progresser pour favoriser l’inclusion de ces personnes dans l'emploi comme dans la formation. C’est l’un des chantiers prioritaires annoncé lors du Comité interministériel du handicap le 6 octobre, dans la perspective de la Conférence nationale du handicap de 2023. D'une façon générale, il faut que le regard de notre société change vis-à-vis des personnes en situation de handicap. Il faut faire du handicap un atout, alors que bien souvent il est vu comme un inconvénient. Une personne porteuse de handicap n'est pas un frein dans une entreprise : au contraire elle est porteuse de beaucoup de richesses. Elle doit être appréciée sur ses compétences, son savoir-faire et ses valeurs, et non sur ses incapacités. Les employeurs doivent également savoir qu'ils peuvent être accompagnés dans cette démarche inclusive par des interlocuteurs tels que l'Agefiph pour le secteur privé.
Comment mettre en œuvre cette politique d'inclusion dans le monde officinal ?
Je pense que la profession doit s'emparer de ce sujet. Les témoignages que vous relayez dans votre article montrent que les situations de handicap touchent les professionnels des pharmacies, et nécessitent une évolution des pratiques. Des évolutions d'ordre technique et ergonomique, comme la mise en place d'une robotisation pour faciliter le travail en cas de handicap moteur. Il est également nécessaire d'opérer une évolution dans la façon d'exercer, en cohérence avec la transformation du métier. Il apparaît indispensable d'identifier les types de formations à destination des pharmaciens en situation de handicap pour leur permettre de continuer leur carrière de façon différente, sans priver l'officine de leurs compétences. Étant donné les difficultés de recrutement actuelles, j'encourage les organisations professionnelles à s'emparer de ce sujet.
Dans le cadre d'un parcours de soins, quels sont les progrès à réaliser pour l'accueil des personnes handicapées dans les officines ?
Concernant l'accueil des patients en situation de handicap dans les officines, il y a deux aspects fondamentaux. Le premier, c'est l’accessibilité des lieux en s'appuyant sur le programme Ad’AP (agendas d’accessibilité programmée). Ce dispositif permet de déclarer, chiffrer et programmer les travaux à réaliser pour la mise en conformité d'un établissement recevant du public (ERP). Et je souligne que tout ce qui est entrepris pour améliorer l'accessibilité des personnes avec un handicap moteur bénéficie à toute la population, des jeunes parents avec leurs enfants en poussettes aux personnes âgées. Le second aspect concerne la capacité à communiquer et à transmettre des messages de santé pour qu'ils soient compris, quelle que soit la personne que l'on a en face de soi. La formation des professionnels de santé dans ce domaine est insuffisante, et pourtant, elle apparaît fondamentale pour générer une vraie inclusion des personnes en situation de handicap dans notre société.
* Ministre déléguée chargée des personnes handicapées auprès du ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées.