Depuis les travaux fondateurs d’Albert Calmette (le « C » de BCG), à la toute fin du XIXe siècle, la réponse thérapeutique aux morsures de serpents n’a pas beaucoup avancé. À l’époque, le médecin bactériologiste était parvenu à fabriquer ses premiers anti-venins à partir de sérums de chevaux vaccinés et immunisés (sérum de Calmette). Problème, ces anti-venins sont longs et coûteux à produire. En outre, leur efficacité est inconstante et certains de leurs effets secondaires (anaphylaxie) redoutables ! Mais les scientifiques lâchent rarement l’affaire ! Depuis plusieurs années, Timothy Patrick Jenkins (Université technique du Danemark) travaille ainsi à améliorer ces solutés de l’urgence. Récemment, les travaux du Nobel de chimie 2024, David Baker, ont retenu son attention, rapporte « Le Monde » (22 janvier 2025). Le Danois parvient en effet, grâce à des programmes d’IA à synthétiser des protéines complexes de petites tailles. Les toxines de venin en font justement partie. Jenkins a donc eu l’idée d’utiliser le programme de David Baker, RFdiffusion, combiné à AlphaFold2 (un logiciel développé par Google) et le programme ProtinMPNN, pour mettre au point des protéines de liaison, capables de détruire l’une des deux familles de toxines dites « à trois doigts » – les plus dangereuses - contenues dans le venin des cobras, mambas et autres serpents corail. Les premiers tests sur des souris ont fourni des résultats remarquables. : 80 % à 100 % des rongeurs ont été protégés. Et surtout, la mise au point de ces antidotes a pris deux mois au lieu des deux ans pour les anti-venins traditionnels. Ce qui rend réaliste la conception de sérums efficaces sur les quelque 2 000 toxines de serpents connues. Sous réserve de leur adaptation à l’Homme… Une ombre ternit toutefois ce bel enthousiasme : l’accès à ce type de soins reste difficile dans les régions concernées, et leur prix encore élevé. Mais la science avance… Et redonne de l’espoir. Chaque année, deux millions de personnes sont mordues par un serpent venimeux : 100 000 en périssent et 300 000 souffrent de séquelles irréversibles.
Insolite
L’IA, le serpent et le Nobel
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Publié le 30/01/2025
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Didier Doukhan
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Source : Le Quotidien du Pharmacien
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