Bien avant l’apparition des symptômes de la polyarthrite rhumatoïde, des modifications importantes du système immunitaire sont observées. Ces signes avant-coureurs de la maladie témoigneraient d’une bataille auto-immune invisible menée par l’organisme. Cette découverte ouvre la voie à une détection précoce et à la prévention.
Ces signes précoces ont été mis au jour par des chercheurs américains. Pendant sept ans, ils ont suivi 45 personnes saines porteuses d'anticorps anti-peptides citrullinés anti-ACPA (ou anti-CCP), des biomarqueurs connus dans la polyarthrite rhumatoïde (PR). Ils ont ainsi identifié de nouveaux facteurs associés au développement de la maladie : une inflammation généralisée, un dysfonctionnement des cellules immunitaires, une reprogrammation cellulaire et une inflammation articulaire dans le sang. Leurs résultats sont publiés dans Science Translational Medicine.
« Nous espérons qu'à l'avenir, les résultats de cette étude (…) [serviront] à identifier des cibles biologiques potentielles pour prévenir la PR et à améliorer les traitements pour les personnes déjà atteintes », commente le Dr Kevin Deane, chercheur à l’université du Colorado à Anschutz et co-auteur principal.
Un état inflammatoire généralisé
Au cours du suivi, un tiers des participants (n = 16) a développé la maladie clinique. Chez ces personnes, les chercheurs ont découvert une inflammation systémique avant l’apparition des premiers symptômes. « Il ne s'agissait pas d'une inflammation articulaire localisée, mais plutôt d'un état inflammatoire généralisé, similaire à celui observé chez les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde », souligne un communiqué.
Un dysfonctionnement des cellules immunitaires a également été observé. Les lymphocytes B étaient passés à un état pro-inflammatoire. Les lymphocytes Tfh17 étaient quant à eux bien plus nombreux que la normale. L’hyperactivité de ces cellules qui jouent un rôle dans la production d’autoanticorps contribue à expliquer pourquoi le système immunitaire commence à attaquer les tissus sains, selon les auteurs.
Les lymphocytes T « naïfs », jamais menacés auparavant, présentaient des modifications épigénétiques. « Cela signifie que l’ADN des cellules n’a pas muté, mais que la façon dont les gènes étaient activés et désactivés a été modifiée, reprogrammant ainsi ces cellules avant même qu’elles ne soient confrontées à leur première menace », est-il expliqué.
Enfin, les chercheurs ont identifié des monocytes dans la circulation sanguine. Ces cellules, relèvent-ils, ressemblaient étroitement aux macrophages présents dans les tissus articulaires des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. Cette observation suggère que la maladie se prépare déjà à cibler les articulations.
Ensemble, ces biomarqueurs et ces signatures immunitaires précoces pourraient aider à identifier les patients à risque. Les auteurs espèrent que la maladie puisse être stoppée avant même son apparition, permettant de passer de traitements réactifs mis en place après l’apparition de lésions articulaires à une prévention proactive.
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