La maladie de Pica correspond à l'ingestion répétée et persistante, souvent compulsive, d'éléments qui ne sont pas comestibles et ne sont pas des aliments comme la terre, la craie, les cailloux, le plastique ou le papier. Certains patients peuvent en consommer plusieurs fois par jour tout en conservant une alimentation normale. Pour rappel, un aliment est une substance susceptible d'être digérée et qui détient des propriétés nutritives. La pathologie était déjà décrite par Galien et son nom viendrait du latin pica, la pie, oiseau réputé pour avoir ce comportement. La maladie est généralement symptomatique d'un autre trouble psychiatrique sévère comme une schizophrénie ou impliquant une déficience intellectuelle ou retard du développement mental. Il existe plusieurs facteurs de risque : le stress, un niveau socio-économique bas, des états de carence mais le trouble peut simplement correspondre à la recherche de sources de plaisir et de sensations d'apaisement. Parfois une anxiété chronique est sous-jacente, dans ce cas le patient peut présenter des crises d'angoisse ou un repli sur soi. Chez l'enfant ou l'adolescent, la maladie peut apparaître à la suite d'un trouble affectif : celui-ci « mâche ses émotions » pour attirer l'attention de son entourage ou pour remplir un vide s'il se sent délaissé. Les femmes enceintes sont aussi à risque en dehors de toute affection mentale et sans aucune explication scientifique, les symptômes disparaissent généralement après l'accouchement.
Des lésions médicales plus ou moins sévères
La maladie est répertoriée dans le DSM V (manuel de référence en psychiatrie) parmi les troubles du comportement alimentaire mais pour certains spécialistes de la santé mentale, Pica ne peut pas être considéré comme un trouble du comportement alimentaire dans la mesure où les éléments ingérés ne sont pas perçus comme des aliments par les patients qui conservent en parallèle une alimentation souvent normale.
Les principales complications rencontrées sont une constipation chronique, des vomissements, une occlusion ou une perforation intestinale
Le diagnostic est établi si les symptômes durent plus d'un mois et ne sont pas associés à des pratiques culturelles ou sociales ou à des rites religieux observables dans certaines croyances africaines ou sud américaines. Chez un enfant de moins de 2 ans, ce comportement est considéré comme une phase normale du développement. Les nourrissons ne savent pas différencier ce qui est comestible ou non et ont tendance à tout vouloir goûter.
Les principales complications rencontrées sont une constipation chronique, des vomissements, une occlusion ou une perforation intestinale, un retard de croissance ou de puberté chez l'enfant, des troubles dentaires (abrasions) et de l'oralité, une anémie, des carences nutritionnelles. L'ingestion de cendres ou de mégots de cigarettes expose à un risque d'addiction ou à une intoxication à la nicotine, et l'ingestion de plomb (plumbophagie) peut provoquer un empoisonnement (saturnisme), chez le petit enfant il est causé par l'ingestion d'éclats de peinture de plomb (céruse) se détachant des murs dégradés. Concernant l'ingestion de terre souillée, elle peut causer des maladies parasitaires..
Des traitements au cas par cas
Il n'y a pas de traitement spécifique, la maladie peut durer plusieurs mois voire années, puis disparaître spontanément, en particulier chez les enfants. Comme dans tous les troubles du comportement, le suivi est pluridisciplinaire (médecin, psychologue, nutritionniste). En cas de maladies psychiatriques associées, le patient est traité en première intention pour son trouble psychotique. La thérapie cognitive et comportementale (TCC) ou l'hypnose peut permettre de corriger les comportements indésirables. Les éventuelles carences nutritionnelles font l'objet de supplémentations, les blocages du tube digestif peuvent nécessiter une intervention chirurgicale. Avant d'écarter la substance en cause, il est important pour les soignants de comprendre les patients et d'évaluer les croyances et traditions qui sous-tendent son comportement. L'éducation du patient et de son entourage est essentielle, elle doit prendre en compte son origine culturelle et sociale. Si la maladie apparaît lors d'une grossesse, il est recommandé d'en informer le médecin afin d'éviter toute complication pour le fœtus.
Les différents types de Pica
Ils se distinguent par la nature des éléments ingérés. Les plus fréquents sont la terre, la boue, l'argile, la craie, le sable (géophagie), la poussière (coniophagie), l’amidon (amylophagie), les glaçons et le givre (pagophagie), les gommes et les crayons, les cheveux (trichophagie/les cheveux sont arrachés avant d'être mangés), mais aussi la ficelle, la laine et autres fibres, du plastique, des éponges, du vomi, des fils électriques, des objets tranchants. À noter que l'onychophagie (ronger/mastiquer ses ongles) s'apparente à la trichophagie mais cette habitude n'est pas aussi marginale et ne relève pas du Pica.
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