Alors qu’en août naissait le traité mondial sur les plastiques de l’Organisation des Nations unies (ONU), des scientifiques démontrent dans une revue que l’exposition in utero et infantile aux produits chimiques utilisés pour la fabrication de tels objets augmente le risque de développer des maladies chroniques. Trois classes de substances sont au cœur de ces travaux : les phtalates, utilisés pour rendre le plastique flexible, les bisphénols, qui servent à sa rigidité et les PFAS qui lui confèrent thermorésistance et propriétés hydrofuges. Ces produits se retrouvent dans une large gamme d’objets : emballages alimentaires, cosmétiques, reçus papiers, etc. Les plastiques, lorsqu’ils sont chauffés ou traités chimiquement, relarguent des microplastiques et nanoparticules qui sont ensuite ingérés.
Les plastiques sont à l’origine de maladies non transmissibles
Les résultats sont publiés dans le Lancet Child & Adolescent Health, à l’occasion d’un groupement d’experts à New York qui discutera de l’impact mondial des plastiques sur la santé humaine.
Les chercheurs ont passé en revue de nombreuses études menées auprès de femmes enceintes, de fœtus et d’enfants. « Nous avons identifié un rôle des plastiques à l’origine de nombreuses maladies chroniques, ce qui se répercute dans l’adolescence et à l’âge adulte », explique le Pr Leonardo Trasande, premier auteur de l’étude, professeur de pédiatrie à la NYU Grossman School of Medicine. L’équipe a observé un lien significatif entre l’exposition précoce à ces toxines et nombre de maladies non transmissibles induisant des problèmes de santé à long terme : maladies cardiovasculaires, obésité, infertilité, asthme, etc. Des conclusions « soutenues par des décennies de preuves », appuient les auteurs de l’étude. Les produits chimiques inclus dans les plastiques induisent une réponse immunitaire inflammatoire, altèrent diverses fonctions hormonales voire pourraient influer sur le neurodéveloppement, en cas d’exposition précoce.
Réguler la production d’objets en plastique non essentiels
Les chercheurs ont donc exploré des axes démontrés efficaces pour réduire cette exposition : utiliser des contenants en verre ou en inox, éviter de réchauffer des plats emballés au micro-ondes ou de passer des objets en plastique au lave-vaisselle. Des stratégies « peu onéreuses et simples à suivre pour les parents afin de limiter l’exposition au plastique de leurs enfants », commente le Pr Trasande. Le chercheur souligne aussi le rôle des professionnels de santé dans le conseil aux parents pour leur permettre de prendre des décisions éclairées quant aux objets à utiliser et se diriger vers des options plus sûres. Il suggère notamment que les médecins s’associent aux écoles ou aux associations pour éduquer les jeunes générations aux risques sanitaires de l’exposition aux plastiques. « Si nous souhaitons maintenir nos enfants en bonne santé et prolonger leur espérance de vie, nous devons sérieusement nous atteler à la réduction de l’usage de tels matériaux », ajoute-t-il. Les auteurs de l’étude appellent les gouvernements à durcir les mesures de régulation d’usage des produits en plastique non essentiels. Les chercheurs ne remettent pas en question le rôle essentiel de certains appareils médicaux (respirateurs, sonde nasogastrique pour enfants prématurés, nébuliseurs et masques notamment) en pédiatrie, mais exhortent à réduire l’usage de ces matériaux partout ailleurs quand il n’est pas nécessaire.
Les microplastiques mis en cause dans les fausses couches
Une concentration élevée de microplastiques dans les villosités choriales placentaires serait associée à un risque plus élevé d’avortements spontanés inexpliqués durant le premier trimestre de grossesse, selon une étude chinoise publiée dans le Lancet eBioMedicine. Les chercheurs ont comparé des échantillons de villosités choriales de 31 patientes ayant soit réalisé une interruption volontaire de grossesse (13), soit une fausse couche (18) au premier trimestre de grossesse. Les chercheurs ont ensuite dosé les microplastiques présents dans le réseau vasculaire. Les quatre principaux types de microplastiques identifiés étaient le polyéthylène (PE), le polychlorure de vinyle (PVC), le polystyrène (PS) et le polypropylène (PP), le PVC étant le plus abondant. Comparés aux échantillons contrôles, les chorions placentaires provenant de patientes ayant eu une fausse couche contenaient des niveaux de microplastiques significativement plus élevés (273,08 μg/g contre 226,37 μg/g). Chez les patientes consommant régulièrement de l’eau en bouteille, le PE était particulièrement présent dans les villosités tandis que la consommation fréquente de fruits de mer était associée à de forts taux pour les quatre types de microplastiques.
Du 23 au 31 décembre
Menace d’une nouvelle fermeture des laboratoires d’analyses médicales
Addictions
La consommation de drogues et d’alcool en baisse chez les jeunes
Crise sanitaire : le malaise des préparateurs
3 questions à…
Christelle Degrelle