Le développement de l'obésité résulte de la rencontre entre un terrain génétique prédisposant et un environnement défavorable, dit « obésogène », caractérisé par une alimentation de mauvaise qualité, un mode de vie favorisant la sédentarité et un accès aux soins limité. Marie-Rose Won Fah Hin directrice de l'Aurar* souligne que l'île de la Réunion présente des particularités inquiétantes : « la population touchée est très jeune, les femmes sont davantage concernées (19,6 %) avec de nombreuses comorbidités et l'environnement obésogène est marqué par de fortes inégalités sociales et des différences importantes entre l'Est et l'Ouest plus privilégié. L'obésité génétique rend encore plus préoccupante la situation de l'île. Ce type d'obésité est dû à des altérations génétiques qui privent les patients de la sensation de satiété. »
La leptine qui régule les réserves de graisses dans l'organisme n'a plus d'impact au niveau cérébral lorsque son récepteur est muté
Ces obésités dites monogéniques concernent les gènes de la voie leptine mélanocortine : la leptine qui régule les réserves de graisses dans l'organisme en créant la sensation de satiété n'a plus d'impact au niveau cérébral lorsque son récepteur est muté. Les patients sont alors incapables de maîtrise la sensation de faim, ils prennent du poids de manière irrémédiable avec des IMC pouvant dépasser 80, et les mesures hygiéno-diététiques et les traitements conventionnels type chirurgies bariatriques sont inefficaces. Pour retrouver une restauration partielle de la satiété, ces patients participent depuis 2017 à des essais cliniques innovants. Grâce à la collaboration avec l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, un premier traitement par injection, le setmelanotide, a montré des résultats prometteurs. « La clinique Oméga de la Réunion s'engage aussi dans l'étude ObGeSema portée par la Pitié Salpêtrière, précise la Dr Julie Gonneau-Lejeune, médecin nutritionniste à la Clinique Oméga. Menée de 2025 à 2027, l'étude a pour objectif d'évaluer l'efficacité du semaglutide sur le poids mais aussi sur la santé cardiovasculaire, rénale et hormonale des patients afin de mieux comprendre les prédispositions génétiques et développer des stratégies de prise en charge personnalisées. »
Un modèle intégré de prévention
Face à cette urgence, les actions prioritaires engagées par l'Aurar ciblent les enfants, les adolescents et leurs parents, elles s'inscrivent dans la durée et sont soutenues par une politique de santé coordonnée qui rassemble tous les ministères, les professionnels de la santé, de l'agriculture, et de la banque alimentaire. L'Aurar s'engage dans une démarche pluridisciplinaire de prévention en encourageant le dépistage précoce face à la complexité des parcours de soins. « La clinique Oméga propose aux patients une rééducation initiale de trois semaines, encadrée par une équipe de diététiciens, d’éducateurs sportifs, de kinésithérapeutes, d’ergothérapeutes, de psychologues, de psychiatres et d’assistants sociaux », indique la Dr Gonneau-Lejeune. Cette étape permet d’établir un projet de soins individualisé, avec un suivi mensuel ou pluri-mensuel. Des parcours spécifiques sont également proposés pour le diabète et les troubles alimentaires, garantissant une prise en charge complète et adaptée à chaque patient. Le déploiement de la Karavan ODHIR (obésité, diabète, HTA, et insuffisance rénale) vise à sensibiliser et accompagner les patients réunionnais. Ce dispositif se déplace sur tout le territoire pour aller à la rencontre des populations
D'après une visioconférence du groupe de santé Aurar
* Tous les établissements de l'Aurar sont certifiés de Haute Qualité de soins par l'HAS.
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