Le jeûne intermittent couplé à un régime méditerranéen est tout aussi sûr et efficace pour la perte de poids et de masse grasse viscérale que le régime méditerranéen seul et, ce, quelles que soient les fenêtres temporelles de jeûne et de prise alimentaire, selon un essai contrôlé randomisé mené par une équipe espagnole. Les chercheurs ont néanmoins mis en évidence une amélioration de la glycémie avec le jeûne intermittent. Au-delà de l’évaluation des effets cardio-métaboliques, il est à noter que « cette étude a souhaité répondre à une question qui subsistait sur la fenêtre temporelle optimale de jeûne et de prise alimentaire », commente le Pr David Jacobi, spécialiste en nutrition à l'institut du thorax du CHU de Nantes/Nantes Université, pour le « Quotidien ». Ces travaux sont publiés dans Nature Medicine. Les auteurs ont mis en perspective leurs travaux avec le mode de vie des Espagnols. En effet, ces derniers ont généralement pour habitude de petit-déjeuner entre 7 et 8 heures et de prendre leur dernier repas au dîner entre 21 et 22 heures, soit une plage de prise alimentaire de 12 à 14 heures environ avec une période de jeûne de 10 heures, des traditions qui peuvent « perturber les rythmes biologiques et augmenter le risque d’obésité, de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2 », suggèrent-ils.
En Espagne, 7 hommes sur 10 et 5 femmes sur 10 sont en surpoids ou en situation d’obésité, une prévalence en progression qui représente un défi de santé publique dans le pays. En faisant pratiquer le jeûne intermittent, les auteurs ont soumis les participants à une réduction de cette plage de prise alimentaire (la ramenant à 6-8 heures) et une augmentation de la période de jeûne (l’étendant à 16-18 heures). L’étude visait à rétablir les rythmes biologiques grâce au jeûne intermittent, tout en cherchant les fenêtres horaires optimales de jeûne et de prise alimentaire.
Le jeûne intermittent précoce diminue l’apport calorique
Les auteurs ont randomisé 197 participants en surpoids ou en situation d’obésité (50 % de femmes) entre trois stratégies de jeûne couplées à un régime méditerranéen, et la stratégie standard (régime méditerranéen seul). La première intervention était le jeûne « précoce » avec une prise alimentaire s’étalant de 9 à 17 heures (n = 49), la deuxième un jeûne « tardif » avec une prise alimentaire de 14 à 22 heures (n = 52). Quant au troisième, le jeûne « volontaire », il laissait les participants choisir le créneau horaire de prise alimentaire et en moyenne les participants de ce groupe mangeaient de 12 à 20 heures (n = 47). La prise en charge standard consistait en un programme d’éducation nutritionnelle sur le régime méditerranéen et les modes de vie sains (n = 47).
Au terme du suivi de 12 semaines, les auteurs constatent que, sur le critère principal du volume de graisse viscérale, les trois stratégies permettaient une diminution non significativement différente de celle du régime standard (-4 % pour le groupe précoce, -6 % pour le groupe tardif, -3 % pour le groupe volontaire, par rapport au standard). De même, les trois stratégies présentaient des effets équivalents entre elles. Pour les critères secondaires, ils notent une perte de poids, une diminution du volume de graisse sous-cutanée et une amélioration de la glycémie à jeun et nocturne légèrement supérieures dans le groupe « précoce » par rapport au groupe standard. « Ceci pourrait être dû à la diminution des apports caloriques un peu plus importante dans ce groupe », interprète le Pr Jacobi. À l’issue de l’étude, les participants ont rapporté un taux d’adhésion élevé au jeûne intermittent de plus de 85 %.
« C’est une étude intéressante avec une bonne méthodologie qui confirme que le jeûne intermittent est facilement accepté par les participants, peut s’accompagner d’une diminution des apports caloriques ainsi qu'un rétablissement des horaires de prise alimentaire », conclut-il.
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