Le processus de la migraine dans le cerveau peut être un déclencheur d’inflammation et cette inflammation peut altérer le fonctionnement du tronc cérébral qui est lié à la mémoire, la cognition, la concentration. Entre les crises, les principaux troubles cognitifs dont se plaignent les patients* sont ceux de l'attention (54 %), de la mémoire (48 %), de l'orientation (34 %), de l'interaction avec les autres (14 %). Pendant les crises ce sont les problèmes de l'attention, de la mémoire et de l'organisation qui sont majoritairement cités (80 à 94 %). Cela pose le problème de l'intensité et de la durée de ces défaillances dans le temps, de leur impact sur la vie quotidienne du patient et des moyens pour les prévenir ou les atténuer.
Tempête neuronale
La migraine est due à une excitabilité anormale des nerfs qui innervent les vaisseaux méningés. Les stimuli sensoriels tels que les sons forts, les lumières vives ou le stress intense peuvent submerger le cerveau et provoquer une augmentation de l'activité électrique et une tempête neuronale. En cas de migraine chronique (au moins deux crises par semaine pendant trois mois), cette perturbation de l'état neurologique ne permet pas au cerveau de revenir au point d'équilibre, les altérations cognitives sont alors permanentes. Les patients présentant des crises espacées seront moins impactés cognitivement car le cerveau aura le temps de tout gérer (douleur et capacités intellectuelles), de se rééquilibrer et de revenir à la normale. Chez de nombreux migraineux ce brouillard cérébral accompagné de pertes de mémoire temporaires peut survenir avant, pendant ou après une crise, ou même entre les crises, sans être liés à la douleur du mal de tête.
Un seuil de tolérance à ne pas dépasser
« La théorie du seuil migraineux stipule qu'une personne a un niveau de tolérance aux déclencheurs de migraine qui, lorsqu'il est dépassé entraîne une crise. Il est déterminé génétiquement mais peut évoluer chez un même individu, explique le Dr Matthieu Rutgers neurologue en Belgique. Plusieurs déclencheurs successifs peuvent submerger le système nerveux dont les plus courants sont le stress, les hormones (en particulier les estrogènes chez la femme), certains aliments (café, alcool), le manque de sommeil, la déshydratation, les changements de temps, les facteurs environnementaux (bruits, odeurs). » Il est possible de diminuer ou de prévenir la fréquence des crises en évitant les facteurs déclencheurs ou en augmentant le seuil de tolérance en respectant un mode de vie préventif incluant un sommeil suffisant, une alimentation saine, une activité physique régulière, une bonne hydratation, un soulagement du stress.
Le seuil migraineux est déterminé génétiquement mais peut évoluer chez un même individu
Dr Matthieu Rutgers neurologue en Belgique
D'autres déclencheurs ne sont malheureusement pas gérables par la seule volonté comme les liens entre migraine et hormones sexuelles féminines. Il est bien établi que les estrogènes influencent directement plusieurs neurotransmetteurs dans la voie migraineuse à l'origine de la douleur. Ils ont également un effet vasodilatateur sur les vaisseaux sanguins cérébraux et leur chute brutale peut entraîner une vasoconstriction suivie d'une vasodilatation réactionnelle, mécanisme impliqué dans la douleur migraineuse.
Les estrogènes influencent directement plusieurs neurotransmetteurs dans la voie migraineuse à l'origine de la douleur
« Au niveau du cerveau, la baisse des estrogènes semble augmenter la sensibilité du nerf trijumeau, responsable de la transmission de la douleur au niveau de la tête, ce qui abaisse le seuil de déclenchement des migraines, précise le Dr Virginie Corand neurologue à Bruges. Leur chute affecte également le fonctionnement de l'hippocampe, une région cérébrale impliquée dans la régulation du stress et des émotions. D'autres hormones comme la testostérone semblent protéger contre les migraines alors que la prolactine semble les aggraver, mais les travaux en cours ne sont pas concluants à ce jour. »
D'après une visioconférence de « La voix des migraineux » dans le cadre du 5e Sommet francophone de la migraine
* Enquête sur 1 800 patients en juin juillet 2025.
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