Virologie

Un premier cas de guérison du VIH en France ?

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Publié le 20/01/2025

Crédit photo : GARO/PHANIE

Une patiente atteinte par le VIH, suivie à Marseille, est en rémission après une allogreffe de moelle osseuse réalisée en 2020. Si ces résultats se confirment dans le temps, ce cas de guérison serait une première en France et le huitième dans le monde.

Cette patiente, âgée d'une soixantaine d'années et diagnostiquée séropositive en 1999, a développé en 2020 une leucémie myéloïde aiguë. En juillet 2020, elle a bénéficié d'une allogreffe de moelle osseuse de la part d'un « donneur qui présentait une mutation génétique rare (Delta 32) sur le gène CCR5, empêchant le VIH de pénétrer dans les cellules », explique l’assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM) où cette patiente est suivie. Après cette allogreffe, qui a permis de traiter la leucémie, la patiente a poursuivi son traitement antirétroviral pendant trois ans, jusqu'en octobre 2023, sous surveillance étroite, avec notamment « des tests ultrasensibles de charge virale, des tests de culture virale et une recherche d'ADN pro-viral correspondant au réservoir possible de virus encore présent dans l'organisme de la patiente », indique l’AP-HM. Comme les résultats négatifs à ces tests persistaient dans le temps, avec une absence de toute trace de virus, les médecins ont décidé l’arrêt du traitement antirétroviral en octobre 2023, avec un contrôle des paramètres virologiques et immunologiques, d’abord hebdomadaire, puis bimensuel et à présent mensuel. Jusqu’à ce jour, soit plus d’un an après l’arrêt du traitement VIH, tous les résultats sont restés négatifs. « Un recul plus important est nécessaire pour consolider ces résultats, mais nous pouvons d’ores et déjà parler de rémission de l’infection VIH et d’un potentiel cas de guérison, le premier en France et le 8e dans le monde », se réjouit l’équipe médicale.

S’il s’agit d’une excellente nouvelle, ce cas n'est cependant pas généralisable à l'ensemble des patients atteints par le VIH en raison de la lourdeur des traitements associés à l'allogreffe. « Ce traitement implique en effet un conditionnement très lourd avec une chimiothérapie intensive, une radiothérapie, une hospitalisation longue dans des chambres stériles… uniquement possibles et justifiables dans le contexte du traitement d’une hémopathie maligne comme un lymphome ou une leucémie. Mais il ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche sur le virus », estime l’AP-HM.

Sept cas similaires de guérison du VIH après une allogreffe de moelle osseuse ont été rapportés dans le monde jusqu’à ce jour et, pour six d'entre eux, le donneur était porteur de la mutation Delta 32 sur le récepteur CCR5.


Source : lequotidiendupharmacien.fr