Les ORL le reconnaissent volontiers : dans leur pratique, l’antibiothérapie prolongée reste souvent l’option proposée à certains patients atteints de rhinosinusite chronique. C’est notamment le cas pour les sujets dits « non T2 », sans asthme ni hyperéosinophilie, soit 45 % des sujets atteints de rhinosinusite chronique non associée à des polypes. Mais, pour le moment, force est de constater que les données de la littérature qui permettraient de justifier ce type de prescription – toujours hors AMM – restent limitées, avec des résultats parfois contradictoires.
Des travaux précliniques laissent, certes, entrevoir un certain rationnel physiopathologique, suggérant un effet anti-inflammatoire de l’azithromycine et de la ciprofloxacine, avec notamment une réduction de la sécrétion d’IL-8 impliquée dans la réponse purulente.
De même, quelques études cliniques suggèrent un intérêt des antibiotiques, et en particulier des macrolides. Une méta-analyse de 16 études conclut ainsi à l’efficacité des antibiotiques – en complément des rhinocorticostéroïdes – sur les rhinosinusites chroniques surtout non polypoïdes accompagnées d’une immunoglobulinémie E faible. Citons aussi un essai canadien conduit avec de l’azithromycine chez des patients ayant peu voire pas répondu à la chirurgie.
Une balance bénéfices-risques à préciser
A contrario, d’autres études évoquent un manque d’efficacité. Une revue de la littérature menée en 2021 à partir de cinq petits essais randomisés ayant inclus un total de 193 patients ne notait pas d’amélioration de la qualité de vie ni immédiatement ni trois mois après la fin d’un traitement prolongé par macrolides. Autre travail négatif y compris chez les patients sans polype : l’essai Macro, qui comparait la chirurgie à la clarithromycine.
Le tout pour des effets indésirables avérés et un risque d’antibiorésistance… qui, toutefois, questionne : tandis que l’OMS classe les macrolides parmi les antibiotiques à risque, certains travaux conduits auprès de patients atteints de rhinosinusite chronique sous antibiothérapie prolongée ne retrouvent pas de résistances particulières à l’antibiogramme.
Pour mieux évaluer la balance bénéfices-risques de l’antibiothérapie, un PHRC national multicentrique a été lancé. L’azithromycine au long cours devrait être testée vs placebo chez des patients ayant un profil inflammatoire purulent, chronique, récalcitrant, en échec de traitements antibiotiques courts.
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