Shingrix est un nouveau vaccin contre le zona recommandé chez les adultes à partir de l'âge de 65 ans et chez les personnes immunodéprimées dès l'âge de 18 ans. Dans ces indications, il est remboursé à 65 % par l'assurance-maladie.
Rappelons que l’incidence du zona est croissante avec l’âge : « Une personne sur 3 est à risque de développer un zona au cours de sa vie, et une personne sur deux après l’âge de 85 ans, en raison du déclin de l’immunité lié à l’âge », précise Bruno Vermesse, généraliste à Lille, lors du salon PharmagoraPlus, le 9 mars. De plus, « le zona expose à de multiples complications dont les plus fréquentes sont les névralgies post-zostériennes, qui affectent 30 % des patients atteints de zona et plus de 50 % chez les plus de 65 ans », poursuit le médecin. Les personnes âgées sont également une population à haut risque de récurrence de zona. D’où l’intérêt de leur proposer une vaccination avec Shingrix.
Une personne sur 3 est à risque de développer un zona au cours de sa vie, et une personne sur deux après l’âge de 85 ans, en raison du déclin de l’immunité lié à l’âge
Bruno Vermesse, généraliste à Lille
« Shingrix est disponible en pharmacie depuis janvier 2025 et peut être injecté par le pharmacien », précise David Christmann, pharmacien à Nancy. C’est un vaccin recombinant avec adjuvant, d’où la possibilité de l’utiliser chez l’immunodéprimé, contrairement au précédent vaccin Zostavax, qui était un vaccin vivant atténué, et dont la commercialisation a été arrêtée en juin 2024. Une sortie du marché qui vient en conséquence de l’avis de la Haute Autorité de santé du 29 février 2024, qui recommande alors d’utiliser plutôt Shingrix que Zostavax en prévention du zona. En effet, Shingrix présente une meilleure efficacité pour la prévention du zona et des douleurs post-zostériennes que Zostavax (79,3 % chez les personnes cibles, versus 46 % pour Zostavax).
Des cas particuliers
Shingrix peut également être administré dans des situations particulières. Tout d’abord, en cas d’antécédents de zona ou de vaccination par Zostavax (qui n’est donc plus commercialisé). Mais dans ce cas, « un délai d'un an est nécessaire avant de commencer la vaccination par les 2 doses de Shingrix », insiste Bruno Vermesse. Ensuite, il peut être administré chez les personnes ayant des épisodes de zona à répétition, on injectera alors le vaccin dès la guérison du zona. Attention toutefois, pour ces deux populations particulières les données sont limitées, et le bénéfice/risque de cette vaccination doit être évalué au cas par cas.
Enfin, chez un patient qui doit initier un traitement immunosuppresseur, on vaccinera avec Shingrix avant le début de la thérapie immunosuppressive, le plus en amont possible, pour que la vaccination soit terminée idéalement 14 jours avant l’initiation du traitement. L’intervalle entre les deux doses est réduit à 1 mois.
En outre, chez les femmes allaitantes, l’administration de Shingrix est possible, mais elle sera évaluée au cas par cas, dans le cadre d’une décision partagée avec l’équipe soignante. En revanche, il est préférable de ne pas l’utiliser durant la grossesse par mesure de précaution.
« Attention, précise Bruno Vermesse, Shingrix n’est pas indiqué dans la prévention de la primo-infection par la varicelle, pour laquelle il existe des vaccins spécifiques à utiliser dans certaines situations », comme Varlirix ou Varivax.
En parler au comptoir
À l’officine, le pharmacien pourra parler du zona à différentes occasions. « Notamment lors de la mise en route d’un traitement immunosuppresseur, détaille David Christmann. Les patients immunodéprimés sont en effet à risque de réactivation du virus de la varicelle et du zona et ont plus de risque de développer une forme plus grave du zona. » L’officinal pourra aussi aborder le sujet lors de l’administration d’un autre vaccin à une personne de 65 ans ou plus, contre la grippe, par exemple. Ou encore, si le patient lui pose des questions sur les moyens de prévention de certaines pathologies, ou sur la vaccination en général.
Combien de doses ?
En pratique, le schéma de vaccination comprend deux doses à deux mois d’intervalle. « Avec une certaine flexibilité, puisqu'il est possible d’administrer, si besoin, la seconde dose entre deux et six mois après la première dose », ajoute Bruno Vermesse. Par ailleurs, la nécessité de doses de rappel après la primovaccination n'a pas été établie. « Donc pour le moment, il n’y a pas de rappel », poursuit-il. Selon les données disponibles, la durée de protection du Shingrix contre le zona était d’environ 73 % neuf ans après la vaccination.
Injecter en pratique
Shingrix se présente en deux flacons pour reconstitution : 1 flacon avec capuchon brun contenant la poudre d’antigène, et un flacon avec capuchon bleu vert renfermant la suspension d’adjuvant. Le vaccin doit être reconstitué en prélevant la suspension pour la mettre avec la poudre. « Pas de panique, le pharmacien ne pourra pas prélever la totalité de l’adjuvant, il en restera toujours un peu au fond du flacon, mais cela n’a pas d’importance », rassure Bruno Vermesse. Après reconstitution, le vaccin doit être utilisé rapidement. Si cela n’est pas possible, il doit être conservé au réfrigérateur, pour une durée maximale de 6 heures. L’injection se fera en intramusculaire, de préférence dans le muscle deltoïde
Co-administraton possible
Il est possible d’administrer le vaccin Shingrix de façon simultanée avec un vaccin inactivé contre la grippe saisonnière sans adjuvant, un vaccin contre les pneumocoques, un vaccin DTP ou DTcaP, ou encore avec un vaccin ARNm contre le Covid. Il n’existe pas de délai minimal à respecter entre l’un de ces vaccins et le vaccin Shingrix. Les vaccins doivent être administrés sur des sites d’injection différents.

Shingrix peut être prescrit et injecté par le pharmacien d’officine. Son prix public est de 188,37 euros et il est remboursable à 65 % dans le cadre des recommandations vaccinales en vigueur.
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