Avec l’épidémie de chikungunya qui sévit sur l’île de La Réunion, « la pression d’importation de la maldie est très forte dans l’Hexagone et ne devrait pas se calmer avant plusieurs semaines », alerte San publique France dans son bulletin épidémiologique du 14 mai 2025. Et, même si l’épidémie reflue en outre-mer, les inquiétudes concernant une endémisation en Europe du chikungunya – et par la même occasion de la dengue – occupent une nouvelle fois le devant de la scène, relancées par une étude parue le 15 mai dans « The Lancet Planetary health ».
Avec l’augmentation des températures moyennes, la zone de présence des moustiques vecteurs de la dengue et du chikungunya s’étend vers le nord, et la vitesse de multiplication des virus au sein de leurs cellules s’accélère.
En outre, les scientifiques ont incorporé à leur analyse les données du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies et de l’Organisation mondiale de la santé et les publications sur la présence du moustique tigre en Europe, de son arrivée en 1990 jusqu’en 2024. Celles-ci indiquent que si l’intervalle entre les premiers cas endémiques de dengue et de chikungunya consécutif à l’implantation du moustique tigre dans une région était de plus de 25 ans, il n’est aujourd’hui plus que de 5 ans. De la même manière, l’intervalle entre l’apparition de deux foyers épidémiques a chuté de 12 ans en 1990 à 1 an en 2024. Plus inquiétant encore, les cas de dengue explosent. Toujours en 2024, ce sont 304 cas qui ont été répertoriés en Europe, alors que seulement 275 avaient été recensés ces 15 dernières années. Enfin, Aedes albopictus, est aujourd’hui présent dans 14 pays européens et la France, aux côtés de l’Italie, de la Croatie et de l’Espagne, a identifié des foyers autochtones de dengue en 2024.
Les Suédois craignent même que cette dynamique ne « s’intensifie » suivant la gravité du scénario d’augmentation des températures, avec des projections qui suggèrent « une multiplication par cinq des épidémies de dengue ou de chikungunya d'ici les années 2060, par rapport à la période de référence 1990-2024 ».
Fort heureusement, un certain nombre de mesures ayant fait leurs preuves existent, dont celle dite de « l’insecte stérile. » À Brive-la-Gaillarde (Corrèze), des milliers de moustiques tigres mâles stériles ont été relâchés dans une zone particulièrement infestée. Ces derniers, qui ne piquent pas, vont s’accoupler avec les femelles, qui, elles, piquent, ce qui conduit à la ponte d’œufs non viables. Ceci devrait diminuer la population d’au moins « 60 % la première année et 90 % la deuxième année », explique Clélia Oliva, docteure en entomologie. Un résultat pas piqué des hannetons.
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