La vaccination contre le chikungunya à La Réunion est aujourd’hui quasiment inexistante. Cette situation fait suite à l’arrêt de la recommandation vaccinale pour les personnes de plus de 65 ans, en raison d’effets indésirables graves signalés chez certains d’entre eux. Au total, 6 000 personnes ont été vaccinées, alors que 40 000 doses d’Ixchiq ont été livrées.
La campagne de vaccination contre le chikungunya à La Réunion a bien fait un flop, et il devrait en être de même à Mayotte. En effet, « environ 6 000 doses de vaccin Ixchiq ont été administrées à La Réunion, pour l'essentiel avant la restriction de la campagne de vaccination aux personnes de 18 à 64 ans fin avril. Depuis cette date, seules quelques dizaines de doses ont été administrées », dévoile Émilie Mosnier, infectiologue au CHU de l’île, lors d’une conférence de l’agence de recherche ANRS-Maladies infectieuses émergentes. Dans le détail, 4 500 doses ont été injectées à des personnes âgées de 65 ans ou plus, et 1 500 au reste de la population, principalement via les pharmacies. Ce sont donc quelque 34 000 doses qui restent inutilisées, alors que Valneva a livré 40 000 doses à l’ARS de La Réunion (une seconde commande de 50 000 doses ayant pu être annulée).
« Peu de personnes ont été vaccinées à la Réunion », souligne Émilie Mosnier. Le même phénomène pourrait se reproduire à Mayotte, également touchée par une épidémie plus récente. Le territoire est en phase épidémique depuis fin mai, avec 746 cas confirmés (dont 19 hospitalisations et aucun décès à ce jour), un chiffre probablement sous-estimé. À Mayotte aussi, le rythme de vaccination reste très bas : selon Hassani Youssouf, épidémiologiste à Santé publique France, une dizaine de doses sont administrées chaque semaine.
Rappelons que la campagne de vaccination a débuté le 7 avril à La Réunion face à une épidémie majeure de chikungunya, avec une vingtaine de morts et environ 200 000 personnes touchées à ce stade. La priorité avait initialement été donnée aux personnes âgées de 65 ans et plus, notamment en cas de comorbidités. Depuis le 26 avril, seules les personnes de 18 à 64 ans atteintes de pathologies chroniques (hypertension, diabète, maladies cardiovasculaires, respiratoires, rénales, hépatiques ou neurovasculaires) peuvent se faire vacciner.
Cette restriction s’explique par la survenue de 16 effets secondaires graves, tous chez des personnes d’au moins 62 ans, dont trois décès. Un cas de décès a été jugé lié à la vaccination : un octogénaire ayant développé une encéphalite. Ces incidents ont fortement affecté l’acceptabilité de la vaccination, d’autant plus que l’épidémie commence à ralentir.
Par ailleurs, Émilie Mosnier rappelle qu’il existe deux vaccins contre le chikungunya : Ixchiq (Valneva), vaccin vivant atténué qui s’administre en une dose, qui a fait l’objet de recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) ; et Vimkunya (Bavarian Nordic), vaccin non vivant à pseudo-particules virales, qui n’est pas encore commercialisé en France mais qui pourrait être administré aux personnes immunodéprimées, à la différence d’Ixchiq.
La HAS n’a pas encore statué sur la place de Vimkunya dans la stratégie vaccinale, mais des recommandations pourraient être publiées en septembre. Elle devrait également préciser, dans les semaines à venir, les indications vaccinales contre le chikungunya pour les voyageurs et la place respective de ces deux vaccins dans ce cadre.
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