Immunité et santé respiratoire

Phytothérapie et immunité : les preuves s’accumulent

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Publié le 13/06/2024
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Si l’utilisation des plantes dans le traitement de différents types d’infections remonte loin dans le passé, les preuves scientifiques de leur intérêt se sont multipliées ces dernières années. Tout spécialement en ce qui concerne la santé respiratoire.

Les résultats de la méta-analyseERA-PRIMA ont notamment montré que l’utilisation de préparations à base d’échinacée permettait une réduction d’environ 30 % du risque infectieux

Les résultats de la méta-analyseERA-PRIMA ont notamment montré que l’utilisation de préparations à base d’échinacée permettait une réduction d’environ 30 % du risque infectieux
Crédit photo : DENIS BRINGARD

Ainsi que l’a rappelé notre consœur Danielle Roux, spécialisée en phyto-aromathérapie*, on sait maintenant que l’action immunostimulante ou immunomodulante de certaines plantes passe, notamment, par une activation des lymphocytes B et T, une augmentation de l’activité des macrophages ainsi que de la production d’immunoglobulines.

Et qu’un intérêt tout particulier se focalise sur les échinacées, au premier rang desquels Echinacea purpurea., dont on utilise les racines et les parties aériennes.

Avec des effets préférentiels sur les virus enveloppés (comme les virus grippaux, le VRS ou encore le SARS-CoV2 agent du Covid) ; or près de 90 % des infections ORL et bronchopulmonaires sont dues à environ 200 virus.

L’un des enjeux importants, a souligné Danielle Roux, consiste à diminuer le risque de complications de ce type d’infection, notamment les surinfections de la sphère respiratoire basse, autrement dit la bronchite, aiguë ou chronique. Avec cet objectif, deux approches distinctes et complémentaires sont possibles : en prévention avant l’hiver ou en curatif dès les tout premiers symptômes.

Nombreuses études cliniques

Plus de 300 essais cliniques ont été menés avec des préparations à base d’Echinacea, a précisé Danielle Roux, et ont clairement démontré l’activité antivirale de cette plante, la rattachant, notamment, à la présence d’alkylamides (dont l’échinacéine) et à des huiles essentielles. Cela étant, les analyses ont montré de très fortes disparités de composition en fonction du mode de préparation, les taux d’alkylamides les plus élevés étant observés dans les préparations à base de plante fraîche.

En 2022, il a été montré que l’échinacée bloquait l’entrée des virus SARS-CoV2 dans les cellules

 

C’est ainsi, par exemple, qu’un essai a montré une prévention à 2 – 4 mois des complications des infections respiratoires variant entre 15 et 60 % selon leur nature (conjonctivite, sinusite, amygdalite/pharyngite, otite moyenne, bronchite).

Il a été également mis en évidence en 2022 que l’échinacée bloque l’entrée des virus SARS-CoV2 dans les cellules.

Il ressort d’un essai clinique randomisé et en double aveugle, mené chez des enfants de 4 à 12 ans, qu’une préparation associant des extraits hydro-alcooliques de racines et de parties aériennes d’Echinacea purpurea et de jus de sureau noir (Sambucus nigra), doué également de propriétés antivirales, commercialisée sous le nom d’Echinaforce (administration pendant 2 mois, arrêt une semaine, puis reprise pendant 2 mois), a diminué de 57 % les infections respiratoires à virus enveloppés, réduit de 98,5 % la charge virale en coronavirus et de 64,2 % l’intensité des symptômes.

Les confirmations d’une méta-analyse

Les résultats de la plus grande méta-analyse, ERA-PRIMA (5 650 patients), consacrée à l’effet de la phytothérapie dans les infections respiratoires viennent d’être présentés au congrès de phytothérapie d’Utrecht (30 et 31 mai). Tous les types de préparations à base d’échinacée ont été étudiés.

Il en ressort une réduction d’environ 30 % du risque infectieux, de 40 % du risque de récurrence, de 56 % du risque de complications, de 40 % des prescriptions d’antibiotique et de 71 % du nombre de jours d’antibiothérapie.

*Danielle Roux est également rédactrice en chef de la revue médicale « La phytothérapie européenne », consultante et auteure de nombreux ouvrages.

D’après une réunion organisée à l’initiative du laboratoire A. Vogel le 28 mai.

Didier Rodde

Source : Le Quotidien du Pharmacien