Insolite

Serial donneur

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Publié le 13/03/2025

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C’est l’histoire d’un receveur d’un jour… devenu donneur à vie. Celle de James Harrison, décédé la semaine dernière à l’âge de 88 ans. Cet Australien, mondialement connu sous le pseudonyme mérité d’« homme au bras d’or », aura passé la quasi-totalité de son existence à donner son sang. Une générosité exemplaire qui trouve son origine à l’adolescence. À 14 ans, le jeune homme subit en effet une importante chirurgie thoracique qui le rend pour un temps dépendant de transfusions sanguines. Submergé d’une légitime reconnaissance, l’adolescent promet de faire à son tour don de son sang lorsqu’il sera majeur. Promesse tenue, puisque quatre ans plus tard, James Harrison débute une longue « carrière » de donneur. En 60 ans, il réalise pas moins de 1 173 dons (soit en moyenne tous les 19 jours) ! Une régularité sans faille qui trouve une nouvelle légitimité lorsque, dix ans plus tard, l’Australien découvre que son sang (en fait son plasma), contient un anticorps rare. Cet anticorps anti-D permet de lutter contre la maladie hémolytique du fœtus et du nouveau-né (HDFN) qui concerne potentiellement 17 % des grossesses. Administrer à la femme enceinte de l'anti-D, c’est-à-dire une injection contenant des anticorps qui vont se fixer sur les globules rouges Rh(D)+ du fœtus présents dans la circulation maternelle avant que son système immunitaire n'ait eu le temps d'entrer en action, offre une protection efficace dans 99 % des cas, sous réserve que les anticorps soient en nombre suffisants. Par chance, au fur et à mesure de ses dons, les médecins ont découvert que le plasma de James était particulièrement riche en anti-D et que les dons renforçaient encore sa capacité à en produire. Résultat ? En Australie, ce sont plus de 3 millions de doses d'anti-D contenant du plasma de James Harrison qui ont été administrées aux mères australiennes depuis 1967. En 64 ans, l’homme au bras d’or aura ainsi sauvé 2,4 millions de bébés australiens… dont son propre petit-fils, puisque sa propre fille a aussi bénéficié des injections anti-D. Quel plus beau cadeau de la part d’un grand-père, que celui de la vie ?

Didier Doukhan