Le diabète de type 2 (DT2) est le plus fréquent (plus de 90 %) et en forte progression dans le monde. La France ne fait pas exception avec plus de 4 millions de diabétiques en 2022, soit 6,3 % de la population. Les données récentes mettent en évidence son rôle en tant que facteur de risque majeur pour diverses comorbidités. Face à cette situation alarmante, La Société Francophone du Diabète (SFD) souligne l'importance des nouvelles recherches et stratégies thérapeutiques en diabétologie, qu’elles soient cliniques ou fondamentales.
La modification du mode de vie reste le socle du traitement du DT2
En mai 2024, la Haute Autorité de santé (HAS) a publié de nouvelles recommandations pour la prise en charge de l'hyperglycémie dans le DT2, elles marquent un tournant qui intègre les nouvelles classes thérapeutiques tout en renforçant les stratégies non médicamenteuses. Si la modification du mode de vie reste le socle du traitement du DT2, la HAS précise les bénéfices apportés par les inhibiteurs de SGLT2 et les agonistes des récepteurs du GLP-1. Elle recommande leur prescription, indépendamment du taux d’HbA1c, pour protéger le cœur, les reins et les vaisseaux chez les patients à haut risque.
Agonistes des récepteurs de GLP-1
Autre nouveauté : la HAS préconise de recourir aux agonistes des récepteurs de GLP-1 chez les patients DT2 en situation d’obésité (plus de 40 % des patients DT2 en France). « Cependant, les récentes mesures de sécurisation imposées par l’assurance-maladie sur la prescription de ces traitements pour éviter leur mésusage hors AMM, sont en contradiction avec ces nouvelles recommandations. Ce dispositif est jugé trop contraignant par l'ensemble du corps médical et les syndicats de pharmaciens qui demandent une révision des mesures commente le Pr. Patrice Darmon, endocrinologue et diabétologue (Marseille). Enfin, contrairement à la prise de position de la SFD en 2023, la HAS n’a pas intégré les coagonistes GIP/GLP-1 dans les stratégies thérapeutiques du DT2. Le tirzépatide (Mounjaro) chef de file de cette nouvelle classe, déjà commercialisé en France depuis fin 2024, hors remboursement à ce jour, est particulièrement efficace sur le contrôle glycémique mais contrairement aux 2 analogues du GLP-1, il n'a pas encore démontré son bénéfice cardiovasculaire dans le DT2. »
MASLD et prédiabète
Auparavant connue sous le nom de stéatose hépatique non alcoolique (NASH), la maladie métabolique du foie a été renommée en 2023 stéatose hépatique associée à un dysfonctionnement métabolique ou MASLD (metabolic dysfunction-associated steatotic liver disease). Le Dr Blandine Tramunt, endocrinologue et diabétologue (Toulouse), réaffirme l'impact des maladies métaboliques sur le foie et le rôle du DT2 comme facteur de progression de la MASLD vers la fibrose : « 65 % des patients atteints de DT2 présentent une MASLD et parmi eux 66 % ont une stéatohépatite et 15 % une fibrose avancée. Les travaux en cours visent à mieux comprendre les profils de personnes développant des formes avancées et/ou des complications des MASLD. Pour évaluer précisément leur statut hépatique et mieux stratifier les risques, il est essentiel d'intégrer des outils de dépistage non invasifs (sanguins et imagerie) et des biomarqueurs dans le bilan des complications chroniques du DT2. » L'objectif est de tendre vers une médecine de précision en proposant des stratégies personnalisées faciles à mettre en œuvre en pratique clinique courante.
Sans prise en charge, 50 % des patients prédiabétiques deviennent diabétiques alors que la situation est réversible
Pr Bertrand Blondeau
Souvent silencieux, le prédiabète nécessite une attention particulière en raison du risque de progression vers le diabète rappelle le Dr Bertrand Blondeau, professeur de physiologie (Paris). Ce phénomène est une étape cruciale entre un état de santé normale et le diabète. Il est défini par une glycémie à jeun entre 1,1 g/l et 1,25 g/l, mais en dessous du seuil diagnostic du diabète (1,26 g/l). « Sans prise en charge, 50 % des patients prédiabétiques deviennent diabétiques alors que la situation est réversible : une gestion précoce et adaptée permet souvent d'éviter la transition vers le diabète et les complications notamment cardiovasculaires. La survenue du prédiabète est conditionnée par la capacité du pancréas à produire suffisamment d'insuline. Des recherches récentes visent à mieux comprendre la plasticité adaptative du pancréas afin d’accroître le nombre de cellules bêta et leur capacité à sécréter de l'insuline en cas de production insuffisante ou de résistance à l'insuline. »
D’après une visioconférence de la SFD

Une avancée technologique majeure dans le DT1
Cette année le programme du Congrès s’enrichit d’un congrès satellite de recherche « Pancréas et îlots de Langerhans ». Le Dr Jean Pierre Riveline, endocrinologue et diabétologue (Paris) et président du congrès de la SFD rapporte les résultats de l’observatoire français des boucles fermées (OB2F) à 1 et 2 ans de suivi. Ils confirment que pour les personnes vivant avec un diabète de type 1 (DT1) l’insulinothérapie automatisée permet une augmentation considérable et durable du temps passé dans la cible glycémique, quel que soit l’âge des patients. L'étude met également en évidence une tolérance et une acceptabilité excellentes du dispositif.
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