C’est le fameux « effet cocktail ». Une exposition simultanée à différents additifs alimentaires serait associée à une incidence plus élevée de diabète de type 2. Si les recherches s’étaient jusqu’ici concentrées sur ces additifs de façon isolée, des chercheurs* se sont penchés sur les possibles liens entre l’exposition à des mélanges d'additifs alimentaires et la survenue de diabète de type 2 (DT2).
Pour cela, ils ont passé au peigne fin les données de santé de plus de 100 000 adultes de la cohorte française NutriNet-Santé. Sur un suivi de 7,7 ans en moyenne, les participants ont renseigné en ligne l’intégralité des aliments consommés et leur marque sur une durée de 2 à 15 jours. Seuls les additifs consommés par au moins 5 % de la cohorte ont été inclus dans la modélisation des mélanges.
Emulsifiants, conservateur et colorant
Sur les cinq principaux mélanges d’additifs alimentaires identifiés, deux sont associés à une incidence plus élevée de diabète, indépendamment de la qualité nutritionnelle du régime alimentaire. « Ces substances pourraient ainsi représenter un facteur de risque modifiable, ouvrant la voie à des stratégies de prévention du diabète de type 2 », argumente Marie Payen de la Garanderie (INSERM), première auteure de ces travaux.
Le premier cocktail mis en cause est composé de plusieurs émulsifiants (amidons modifiés, pectine, gomme de guar, carraghénanes, polyphosphates, gomme xanthane), d’un conservateur (sorbate de potassium) et d’un colorant (curcumine). Ces composants sont retrouvés notamment dans les aliments industriels ultra-transformés comme les bouillons, desserts lactés, matières grasses et sauces. Le second mélange contient des additifs présents dans les sodas et boissons édulcorées. Il regroupe des acidifiants et régulateurs d’acidité (acide citrique, citrates de sodium, acide phosphorique, acide malique), des colorants (caramel au sulfite d’ammonium, anthocyanes, extrait de paprika), des édulcorants (acésulfame-K, aspartame, sucralose), des émulsifiants (gomme arabique, pectine, gomme de guar) et un agent d’enrobage (cire de carnauba). Aucune association avec le risque de diabète n'a été trouvée pour les trois autres mélanges.
Enfin, des interactions entre les différentes substances de ces mélanges ont été décelées. Ainsi, « d’autres études sont nécessaires afin d’élucider les mécanismes sous-jacents et approfondir la compréhension des synergies et des antagonismes potentiels entre ces additifs alimentaires. [Nos travaux] indiquent que l’évaluation des additifs alimentaires devrait prendre en compte leurs interactions et appuient les recommandations de santé publique qui conseillent de limiter les additifs non indispensables », conclut Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’INSERM et coordinatrice de l’étude.
*Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren-Cress).
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