L'eczéma de contact allergique est une maladie connue depuis de nombreuses années. Le patient va devenir allergique à une substance appliquée régulièrement même s’il ne présente pas un terrain allergique sous-jacent. Même si les lésions élémentaires sont similaires, la pathologie se différencie de la dermatite atopique, d’origine immunitaire, il n'y a pas de terrain particulier favorisant. Le patient restera allergique tout au long de sa vie, il n’existe pas de possibilité de désensibilisation comme c’est le cas pour les allergies aux pollens ou aux acariens. Il n’existe actuellement aucun traitement permettant sa disparition, le seul traitement possible est l’éviction totale de l’allergène. L’allergie aux parfums est fréquente, tout comme celle liée aux parabènes, conservateurs de nombreux cosmétiques, accusés d’être des perturbateurs endocriniens. Ils ont été interdits en Europe dans les cosmétiques non rincés et leur concentration est limitée dans les produits rincés. Toutefois, les cosmétiques issus du commerce sur Internet et provenant hors d’Europe, ne suivent pas forcément ces normes européennes.
Méthacrylates et huiles essentielles
Les huiles essentielles sont devenues un problème majeur dans la survenue d'eczéma de contact. On leur attribue de nombreuses qualités et leur utilisation est largement répandue dans toutes sortes de circonstances, notamment sur la peau (sur l’oreiller, en infusions, en traitements locaux dans les infections respiratoires…). « Leur caractère naturel incite à faire croire aux utilisateurs qu’elles seraient dénuées de risque. Cependant, ces produits contiennent des molécules parfumantes qui peuvent être allergisantes, prévient le Pr Angèle Soria, dermato-allergologue à l'hôpital Tenon à Paris. Il faut penser à interroger les patients sur l’éventuelle utilisation de tels produits en cas d’eczéma de contact allergique, car souvent ils ne les mentionnent pas spontanément, considérant qu’ils sont naturels. » Une autre famille d’allergènes, les méthacrylates, est aussi à l’origine de nombreux cas. Ces produits sont très répandus dans les objets et dans notre environnement de la vie quotidienne. « Ils sont notamment présents dans les vernis à ongles semi-permanents et achetés sur internet. Ils sont très utilisés, parfois sans contrôle et en ignorant leurs risques, dans les ongleries ou dans des kits de pose pour faux ongles à domicile » insiste la dermato-allergologue. Ils sont également présents dans les produits de dentisterie, les électrodes ECG, les prothèses, les capteurs de glycémie, les colles chirurgicales et dans certains objets connectés (écouteurs, écran de téléphone portable…). « Des poussées d’eczémas de contact se sont produites lors de soins dentaires provenant des acrylates et de leurs dérivés, et des patientes sensibilisées aux acrylates avec des kits de faux ongles ont récidivé lors de soins dentaires utilisant ces substances », note la spécialiste. Il existe aujourd’hui une obligation pour les fabricants de produits cosmétiques d’afficher la liste de tous les ingrédients qui y sont contenus à l’aide d’une dénomination commune. Ainsi un patient présentant un eczéma de contact à l’un de ces ingrédients, pourra le repérer en lisant l’étiquette et ainsi l’éviter. Il est important d’alerter les autorités sanitaires des nouvelles sources qui pourraient apparaître, afin d’essayer de les contrôler.
D'après un communiqué du Pr Angèle Soria aux Journées dermatologie de Paris (JDP). Édition 2024.
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