Il existe une inégalité dans la prise en charge de l’infarctus du myocarde chez la femme entraînant une surmortalité, souligne l’Académie de médecine dans un rapport.
Les maladies cardiovasculaires constituent la deuxième cause de mortalité en France mais elles restent la première cause chez les femmes, loin devant le cancer du sein. De plus, il existe une inégalité dans la prise en charge de l’infarctus chez la femme entraînant une surmortalité. En effet, « lorsqu’un infarctus du myocarde survient, les registres français ont montré un retard de 30 minutes dans la prise en charge de la femme par rapport à l’homme. Ce délai correspond principalement au temps écoulé entre le début d’apparition des symptômes et le contact médical », indique l’Académie de médecine dans un rapport. Par ailleurs, 20 % des femmes vont aller dans un service d’accueil des urgences ou chez leur généraliste car l’appel aux services d’urgences n'a pas été suivi d’effet. Une fois la prise en charge décidée, on constate que le délai entre cette prise en charge et la revascularisation coronaire est plus long chez la femme que chez l’homme. Au final, la mortalité hospitalière globale est de 9,6 % chez la femme, contre 3,9 % chez l’homme.
Par la suite, la femme bénéficie significativement moins du traitement optimal post-infarctus recommandé (bêtabloquants, inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine et statines). « Cette sous-prescription peut être liée à des préjugés de genre, à des différences de symptômes, ou à un manque de sensibilisation des professionnels de santé », estiment les Sages.
Enfin, très peu de femmes bénéficient de la réadaptation post-infarctus. Souvent par manque de temps, en raison de leurs responsabilités familiales, ou par manque de références médicales.
Le rapport met également en exergue des particularités anatomiques (artères coronaires plus petites et plus sinueuses), ainsi que des causes (syndrome de Takotsubo…) et facteurs de risque (prééclampsie, ovaire polykystique, diabète gestationnel) spécifiques de l'infarctus chez les femmes. Ou encore une perception des douleurs différente, les femmes ayant tendance à minimiser les douleurs thoraciques pourtant présentes dans 92 % des cas, et à plus insister sur les signes d’accompagnement comme la dyspnée, la fatigue, les nausées qui sont aussi présents chez l’homme. La reconnaissance de ces spécificités et l’adaptation des stratégies de prévention et de traitement pourraient contribuer à inverser la tendance et à améliorer durablement le pronostic des patientes.
Dans cet objectif, l’Académie de médecine propose de :
- Sensibiliser et former les professionnels de santé aux particularités de l'infarctus chez les femmes,
- Élaborer des protocoles de soins qui tiennent compte de ces particularités,
- Sensibiliser le public à changer la perception de cette maladie comme étant principalement masculine et d’adopter le réflexe d’appeler le 15 devant toute douleur thoracique, et non d’aller aux urgences ou d’appeler son médecin,
- Promouvoir la surveillance des tendances de l'infarctus chez les femmes et soutenir la recherche.
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