Cancer de la prostate

Vers de nouveaux tests diagnostics ?

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Publié le 05/05/2022
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Une récente étude menée par une équipe de chercheurs britanniques montre que la cinétique de développement des tumeurs liées au cancer de la prostate est associée à cinq types de bactéries. Une observation qui laisse espérer la mise au point de nouveaux tests diagnostics capables de dépister précocement les formes les plus agressives de la maladie.
Il convient de distinguer aussi tôt que possible les tumeurs prostatiques qui progresseront rapidement de celles qui restent plus indolentes

Il convient de distinguer aussi tôt que possible les tumeurs prostatiques qui progresseront rapidement de celles qui restent plus indolentes
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Le cancer de la prostate a une importance considérable en termes de santé publique puisqu’il est à l’origine de plus de 250 000 décès par an dans le monde et d’environ 1,41 million de cas (50 000 nouveaux cas chaque année en France et quelque 8 000 décès). Dans ce contexte, il importe de distinguer aussi tôt que possible les tumeurs prostatiques qui progresseront rapidement et de manière agressive de celles qui restent plus indolentes. Une étude montre que la cinétique de développement de ces tumeurs est associée à cinq types de bactéries : cela n’a rien de surprenant puisqu’il est connu que des micro-organismes pathogènes peuvent induire des cancers comme ceux de l’estomac ou de l’utérus, et la bactérie Fusobacterium nucleatum est désormais suspectée d’être associée au cancer colorectal.

Des bactéries qui induisent des réactions inflammatoires importantes

Une équipe transdisciplinaire de l’université de Norwich (Angleterre) a montré, en réalisant le séquençage génomique de tissus tumoraux de plus de 600 patients, que cinq genres de bactéries anaérobies sont liés aux présentations agressives du cancer de la prostate (Anaerococcus, Peptoniphilus, Porphyromonas, Fenollaria et Fusobacterium). S’y ajoutent quatre espèces nouvelles dont trois incluses dans les genres précités : l’une a été d’ailleurs été nommée, comme un clin d’œil, Varibaculum prostatecancerukia (d'après « Prostate Cancer UK »). Les hommes dont le tissu prostatique ou l’urine renferment une ou plusieurs de ces bactéries présentent près de trois fois plus de risques de voir leur tumeur encore à un stade précoce évoluer vers une maladie avancée que ceux indemnes de ces germes. Ces bactéries induisent des réactions inflammatoires importantes sur des tissus animaux et elles perturbent le métabolisme des cellules hôtes, ce qui pourrait expliquer l’association avec la sévérité du cancer.

Améliorer les tests diagnostic

Un test reposant sur la mise en évidence de ces bactéries serait peut-être plus opérant en termes de diagnostic et de pronostic que le test PSA ou la biopsie : il serait en cela analogue aux tests développés pour détecter Helicobacter pylori associé au cancer de l'estomac ou le VPH associé au cancer du col de l'utérus. Cette découverte ouvre la porte à d’autres questions : la bactérie est-elle la cause du cancer et, dans l’affirmative, comment agit-elle ? La réponse à toutes ces interrogations pourrait permettre de proposer une antibiothérapie préventive du cancer de la prostate - mais les obstacles restent nombreux car les antibiotiques pénètrent mal au niveau de cette glande et car l’antibiotique choisi devrait cibler spécifiquement certaines bactéries.

Dans une logique similaire, l’essai multicentrique Hope vise également à développer un test non invasif permettant le pronostic et la surveillance des cancers de la prostate grâce à de nouveaux marqueurs urinaires circulants identifiés par une équipe de l’Institut Curie en utilisant un séquençage de nouvelle génération et des algorithmes d'intelligence artificielle et de bio-informatique, ce qui a permis d’identifier un ensemble de séquences non encore cataloguées et significativement surexprimées dans les tumeurs de la prostate.

 

Nicolas Tourneur

Source : Le Quotidien du Pharmacien