Ainsi que le rappelle en introduction le Pr Sylvain Ladoire (oncologue médical au Centre Georges François Leclerc, Dijon), « Le cancer de la vessie est en France le 2e cancer urologique après celui de la prostate, avec environ 15 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année et plus de 5 000 décès. Un cancer qui concerne quatre fois plus souvent les hommes que les femmes et dont l’âge médian au diagnostic est de 73 ans ».
Ce cancer, dont le tabagisme est le principal facteur favorisant, et les premiers symptômes une hématurie et/ou des signes irritatifs urinaires, présente un pronostic globalement sombre. En effet, au moment du diagnostic, 25 % des carcinomes urothéliaux sont des tumeurs de la vessie infiltrant le muscle – parmi les 75 % autres, certains finissent par devenir infiltrant avec le temps - pour lesquels le risque de rechute est de l’ordre de 50 % après cystectomie totale avec un haut risque métastatique.
Un parcours de soins complexe
« Actuellement, indique le Dr Géraldine Pignot (chirurgien urologue, Institut Paoli-Calmettes, Marseille), le traitement de ces cancers infiltrants consiste en une cystectomie totale, pouvant inclure l’ablation d’organes adjacents - comme la prostate, l’urètre, l’utérus, les ovaires - précédée, pour les patients éligibles d’une chimiothérapie néoadjuvante à base de cisplatine. Après celle-ci, les patients à haut risque de récidive et ayant un statut PD-L1 positif au niveau tumoral peuvent recevoir du nivolumab. » En dépit de cela, 1 patient sur 2 succombe finalement à sa maladie, le taux de survie à 5 ans étant actuellement de 55 % chez les hommes et de 49 % chez les femmes, précise encore le Dr Pignot.
Des gains significatifs
L’étude NIAGARA est une étude internationale de phase III, multicentrique, contrôlée, randomisée et en ouvert. Elle a inclus 1 063 patients (37 en France sur 8 centres) atteints d’une tumeur de vessie infiltrant le muscle et évalué l’ajout de l’immunothérapie Imfinzi (un inhibiteur de points de contrôle immunitaire) dans un protocole dit péri-opératoire, à la fois en néoadjuvant (donc avant le geste chirurgical) avec la chimiothérapie standard à base de gemcitabine et de cisplatine, puis en adjuvant en monothérapie après cystectomie totale, versus le bras comparateur gencitabine – cisplatine.
Au terme d’un suivi de 4 ans les résultats montrent, de manière significative, une amélioration de la survie sans événement de 32 % dans le bras Imfinzi
En pratique, les patients recevaient, durant 4 cycles, Imfinzi + gemcitabine – cisplatine (en perfusions intraveineuses) en néoadjuvant vs gemcitabine – cisplatine. Après la cystectomie totale, les patients recevaient Imfinzi en monothérapie, en adjuvant, jusqu’à 8 cycles après la chirurgie, le bras contrôle ne recevant pas de traitement post-opératoire.
Au terme d’un suivi de 4 ans les résultats de NIAGARA montrent, de manière significative, une amélioration de la survie sans événement de 32 % dans le bras Imfinzi par rapport au bras comparateur et une diminution de 25 % du risque de décès. En outre, en ce qui concerne les patients ayant pu bénéficier d’une cystectomie (10 % des patients n’ont finalement pas eu de cystectomie) 42 % des patients du bras Imfinzi ont bénéficié d’une réponse pathologique complète anatomopathologique vs 33 %.
« C’est la première fois en 30 ans qu’on montre un bénéfice en termes de survie globale par rapport à la chimiothérapie néoadjuvante standard », pointe le Dr Pignot.
Cela sans impact notable sur la tolérance de la chimiothérapie associée, avec des taux similaires d’effets indésirables de grades 3 et 4 (neutropénie, anémie, infections urinaires) et d’arrêt dans les deux bras.
Enfin, l’ajout d’Imfinzi en néoadjuvant n’a pas retardé la chirurgie (point très important de la prise en charge), n’a pas augmenté le taux de complications opératoires et post-opératoires, ni eu d’impact sur la capacité des patients à avoir une cystectomie totale.
*Imfinzi a été approuvé, en association avec la gemcitabine et le cisplatine en traitement néoadjuvant, puis en monothérapie en traitement adjuvant après une cystectomie radicale dans le traitement des patients adultes atteints d’une tumeur résécable de la vessie infiltrant le muscle.
D’après une conférence de presse d’AstraZeneca
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