Ces dernières années ont connu une véritable effervescence de la recherche autour du concept en plein essor de biomarqueurs circulants, avec pour objectifs de mieux comprendre, mieux diagnostiquer, mieux suivre et mieux traiter les patientes grâce à des stratégies plus précises et plus personnalisées, indique d’emblée le Pr Steven Le Gouill, directeur de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie.
Un tournant
La biopsie liquide marque un tournant déterminant en oncologie par sa facilité de répétition, tout en facilitant la qualité de vie de la patiente, au contraire de la biopsie classique, en ce qu’elle ouvre la voie à la détection dans le sang de la présence ou de l’évolution d’un cancer par l’utilisation judicieuse de toute une palette de biomarqueurs, dont certains sont déjà connus et d’autres encore à découvrir et à valider.
Nos travaux s’attachent à identifier des indices moléculaires encore plus précis et à mettre au point de nouvelles techniques pour en améliorer la détection
Dr Claire Rougeulle, directrice du Centre de recherche de l’Institut Curie
« Il s’agit d’une avancée majeure dont les débuts remontent à une quinzaine d’années, fruit de travaux de recherche fondamentale auxquels les chercheurs de l’Institut Curie ont fortement contribué, en collaboration avec leurs collègues médecins », souligne le Dr Claire Rougeulle, directrice du Centre de recherche de l’Institut Curie. « Nos travaux s’attachent à identifier des indices moléculaires encore plus précis et à mettre au point de nouvelles techniques pour en améliorer la détection, en utilisant notamment les ressources de l’intelligence artificielle », poursuit cette dernière.
Applications multiples
En pratique, les biomarqueurs circulants regroupent des cellules tumorales, de l’ADN, de l’ARN et des vésicules extracellulaires. Certains sont d’ores et déjà de précieux alliés contre les cancers du sein. « Les biomarqueurs circulants vont maintenant être au cœur de la stratégie de la prise en charge et du suivi des cancers des femmes, en complément des analyses tissulaires classiques, en apportant un niveau de précision dans l’analyse du pronostic et du risque de rechute inégalé à ce jour. C’est une vraie révolution dans la conception des protocoles de traitement et de prise en charge de nos patientes, initiée à l’Institut Curie et en cours d’adoption partout dans le monde », pointe la Pre Anne Vincent-Salomon, pathologiste à l’Institut Curie et directrice de l’Institut des Cancers des Femmes.
En résumé, cette approche peut ou pourra dans un avenir proche être mise à profit :
Pour le dépistage, car la biopsie liquide pourrait compléter les examens radiologiques actuels ;
Pour le diagnostic et le pronostic, le type de matériel circulant et sa quantité informant sur l’ampleur et la progression de la maladie (reprise évolutive, évolution métastatique) ;
Pour suivre l’efficacité et la résistance aux traitements. En cours de traitement, l’évolution de l’ADN tumoral circulant renseigne en effet sur l’efficacité de la thérapeutique, et une fois les soins terminés, celui-ci peut révéler une maladie résiduelle et donc un risque de récidive.
De nombreux essais cliniques
L’Institut Curie est engagé dans de nombreux essais cliniques. Parmi ceux-ci, citons l’essai de phase III SERENA-6, qui, dans la suite de l’essai PADA-1 qui avait ouvert la voie, a validé le concept très innovant d’interception des résistances au traitement mettant à profit l’ADN tumoral circulant, qui devrait permettre la mise sur le marché d’un nouveau médicament contrant la résistance à l’hormonothérapie, indique le Pr François-Clément Bidardn directeur du Centre d’investigation clinique 1428 (Inserm/Institut Curie) et l’essai CUPCAKE (qui démarrera fin 2025), consacré à la détection précoce de la récidive au niveau moléculaire chez des patientes atteintes de cancer du sein triple négatif et dont les premiers résultats sont attendus en 2027.
*Se déroulant du 1er au 31 octobre 2025, Octobre Rose est une campagne annuelle mondiale de communication destinée à sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein et à récolter des fonds pour la recherche.
D’après une conférence de presse de l’Institut Curie
1er centre européen de lutte contre le cancer du sein
L’Institut Curie (Paris, Saint-Cloud, Orsay), fondé en 1909 par Marie Curie, associe un centre de recherche de renommée internationale et un ensemble hospitalier de pointe qui prend en charge tous les cancers, y compris les plus rares.
Il rassemble près de 4 000 chercheurs, médecins et soignants autour de trois missions : soins, recherche et enseignement.
Fondateur de l’Institut des Cancers des Femmes avec l’Université Paris Sciences et Lettres et l’INSERM, pour mieux comprendre, prévenir et traiter les cancers des femmes, l’Institut Curie prend en charge plus de 7 000 femmes atteintes d’un cancer du sein, dont plus de 3 000 nouvelles patientes chaque année.
L’Institut s’est pleinement investi depuis plusieurs années dans le domaine potentiellement très prometteur des biomarqueurs circulants.
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