« Bien sûr que j'aimerais fumer moins… Mais pour ce qui est d'arrêter, ce sera plutôt quand j'aurai fini mes études qui sont prenantes. » Lucide, l'analyse de Leonardo Zezza, étudiant en 4e année de pharmacie à l'Université de Montpellier rejoint celle de nombreux jeunes de son âge. Pour l'heure, la nicotine l'aide à se concentrer et se relaxer… L'arrêt du tabac, ce sera donc pour plus tard !
Parce que 3 adultes sur 10 âgés de 18 à 25 ans affirment être des fumeurs quotidiens, et qu'il n'y a pas de raison que cette proportion soit différente chez les étudiants en pharma, la faculté de Montpellier vient d'intégrer le dispositif « Et si on fumait moins ». Soutenue, pour une durée de trois ans, à hauteur de 163 000 euros par l'ARS Occitanie, l'initiative a pour but de réduire le tabagisme passif en définissant certaines zones du campus comme non-fumeurs, d'une part ; mais aussi de réduire la consommation globale de tabac chez ses 3 000 étudiants et 400 personnels, d'autre part.
Outils de prévention
« L'enjeu n'est pas d'éradiquer les fumeurs du campus mais de mettre en place des outils de prévention sur tout ce qui se fume afin de les accompagner dans une réduction de leur consommation », explique le Pr Vincent Lisowski, doyen de la faculté.
Pour parvenir à ces fins, la faculté va notamment procéder à l'embauche d'une infirmière tabacologue sur un tiers-temps. « Puisque l'arrêt du tabac s'accompagne souvent d'une prise de poids, nous prévoyons de proposer aux étudiants un parcours de sport adapté, des ateliers diététiques et une prise en charge par un sophrologue », détaille le doyen montpelliérain.
L'un des enjeux pour la faculté sera notamment d'embarquer dans sa démarche, tant les fumeurs que les non-fumeurs. « Les choses semblent se mettre en place vite. Il ne faudrait pas que ce soit "trop vite", prévient
Camille Henry, étudiante en 5e année et présidente de la corpo. En soi, l'initiative est très bonne, d'autant que pour accompagner les fumeurs vers l'arrêt du tabac, rien ne peut se faire sans l'accord du fumeur. Il faut donc qu'ils soient intégrés à la réflexion », plaide l'étudiante, elle-même non-fumeuse.
Message reçu par la faculté. « Nous prévoyons évidemment d'intégrer des étudiants fumeurs au comité de pilotage. Il n'est pas question, comme cela avait initialement été fait dans certaines facs, de créer des zones fumeurs à l'autre bout du campus », convient le Pr Lisowski. « Interdire de fumer près des entrées et des sorties de bâtiment pour lutter contre le tabagisme passif, je le comprends tout à fait, accepte Leonardo Zezza. Le problème, c'est que les cendriers et les poubelles se trouvent aujourd'hui concentrés à ces mêmes endroits », pointe-t-il. En outre, c'est promis, les zones permettant aux fumeurs de s'adonner à leur addiction ne seront pas délimitées par un marquage au sol. « Nous disposons d'espaces verts sur le campus qui est en cours de rénovation. Les choses vont se faire par séquences », estime le doyen Lisowski, qui espère l'initiative infuser et faire tache d'huile au sein d'autres facultés de la région.
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