Adhérents de la Fédération du commerce associé (FCA), sept groupements de pharmacie de Métropole et de La Réunion*, sous statut coopératif ou associé, indépendants ou affiliés à un grossiste répartiteur pour l’un, à un groupe multiservices pour un autre, ont décidé de créer un collège « pharmacies » à l’instar du collège « alimentaire » existant depuis 2019 au sein de la FCA.
Lobbying
Cette démarche entend conforter le modèle coopératif comme alternative à la financiarisation du secteur de la santé, et plus particulièrement de la pharmacie. Les membres du collège ont ainsi été reçus fin novembre par la Direction générale des entreprises (DGE) et comptent œuvrer à l’avenir auprès des pouvoirs publics pour obtenir des avancées tant fiscales que réglementaires, favorables à leur statut et leur mode de fonctionnement. « Notre modèle est distributif, circulaire et garantit à ses adhérents une liberté tant financière que professionnelle », rappelle Dominique Pautrat, président du directoire de Wellcoop et membre du collège. « Dans le secteur de la santé, la financiarisation ne garantit pas la performance : en France, le poids de la santé représente 12 % du PIB, aux États-Unis, 18 % ! », souligne Sébastien de Larminat, directeur général de Totum et autre membre du collège, assurant que la performance « émane de la force et de la discipline collectives de professionnels indépendants ».
Nous devons sensibiliser les élus locaux à l’importance de l’indépendance des officines, gage de préservation du maillage officinal
Armand Pinton, président du collège « Pharmacies » de la FCA
La création de ce collège, représentant environ 15 071 pharmaciens affiliés à des groupements ou clients des solutions offertes par l’un d’entre eux, est également une réponse à la récente tentative de déstabilisation des coopératives et des groupements émise dans l’amendement du député Cyrille Isaac-Sibille au Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025.
Acteurs de l’aménagement du territoire
Enfin, et surtout, ce collège qui sera présidé par Armand Pinton, président d’Astéra et composé de trois autres membres, Dominique Pautrat, Luc Priouzeau, ex-PDG de Giropharm ainsi que Sébastien de Larminat aura pour fonction de promouvoir le modèle coopératif auprès de la profession, notamment des futurs titulaires. Car de même qu’il prévoit intervenir dans les facs de pharmacie pour exposer aux étudiants les fondements du modèle coopératif, le collège « pharmacie » de la FCA entamera l’année prochaine un Tour de France pour rencontrer élus locaux et pharmaciens dans les territoires. « Nous devons sensibiliser les maires et les députés à l’importance de l’indépendance des officines, gage de préservation du maillage officinal », affirme Armand Pinton.
Corinne Imbert, titulaire en Charente-Maritime, sénatrice (LR) et secrétaire de la commission des affaires sociales du Sénat, coauteure du récent rapport sur la financiarisation de la santé, ne dit rien d’autre. Venue personnellement saluer cette démarche des groupements et encourager le collège dans ses initiatives, elle a déclaré qu’il est urgent « de préserver l’indépendance des pharmaciens et de protéger la profession contre les investisseurs extérieurs que sont les fonds ». « Des investisseurs court-termistes mais qui ne misent pas moins sur un payeur garanti », a-t-elle pointé en référence à l’assurance-maladie.
Les politiques et les pouvoirs publics ne demeurent pas en reste pour autant. La sénatrice observe également leur attitude paradoxale qui consiste à dénoncer la financiarisation du secteur de la santé mais parallèlement à contribuer à la concentration du marché de l’officine en pesant de manière budgétaire sur le médicament. « Nous devons absolument parvenir à intégrer la notion d’indépendance dans les négociations conventionnelles », affirme la sénatrice pharmacienne redoutant une perte d’indépendance de la pharmacie d’officine, « colonne vertébrale de l’accès aux soins et de l’aménagement du territoire ».
*Astéra, Elsie, Giphar, Giropharm, Totum, CapPharma, Wellcoop