Le soutien de Francis Cabrel n’a pas suffi. Le clip largement diffusé où le chanteur appelle la venue d’un médecin dans son village d’Astaffort, n’a attiré aucun généraliste. Et la situation médicale de cette commune de 2 000 habitants, demeure tendue : « Nous sommes passés de quatre généralistes à un seul, explique Jean-Christophe Adon, co-titulaire de la pharmacie du village. Deux sont partis en 2019, pour s’installer à Agen, pour l’un, et devenir salarié d’une commune périurbaine, pour l’autre. Et l’un de nos deux derniers médecins prendra sa retraite fin mars. »
Pourtant pharmaciens, professionnels de santé de la commune et mairie ont multiplié les initiatives : réunions, annonces, clip de Francis Cabrel, appel à une plateforme de chasseurs de têtes, cagnotte en ligne mise en place par la Maison de santé* pour financer la recherche de médecins, affiche en entrée de bourg… Mais sans résultat, sauf la candidature d’un médecin de… 82 ans.
« C’est incompréhensible, s’étonne Jean-Christophe Adon, Astaffort n’est qu’à 15 minutes d’Agen et de l’hôpital, à 1 h 15 de Bordeaux ou Toulouse… Mais les jeunes médecins veulent finir à 17 heures, ne pas travailler le week-end, ni se déplacer chez les patients. Pourtant, sans généraliste pas d’arrêts de travail, de médicaments, de kiné, d’examens (IRM radios), d’analyses… Avec le Covid, on a vu comment les retards de prises en charge ont fait flamber certaines pathologies. L’absence de généraliste aboutira au même résultat. Voire pire. »
Face à cette impasse, sa pharmacie a opté pour une cabine de téléconsultation Medadom : « Elle devrait arriver en avril, poursuit Jean-Christophe Adon. L’installation et l’abonnement pour trois ans (autour de 200 € par mois) seront intégralement à nos frais. Nous ne ferons rien payer aux patients. Il s’agit uniquement de rendre service, dépanner quand le médecin n’est pas disponible : piqûres d’insectes le samedi, tension à mesurer, ordonnance à renouveler… C’est une rustine, un moindre mal. L’idéal restera toujours la consultation, le contact humain. »
Médecin salarié
De son côté, la commune pourrait obtenir prochainement son classement en ZRR**, avec à la clé des avantages fiscaux auxquels sont parfois sensibles les médecins… Dans le même temps, les mairies du secteur réfléchissent au financement solidaire d’un poste de médecin salarié.
« Comme pour les pharmaciens, les pompiers, les gendarmes… on finira peut-être par imposer aux médecins l’installation en zones sous-dotées, espère Jean-Christophe Adon. L’éthique voudrait qu’ils aillent vers les personnes qui ont besoin d’eux, et non l’inverse. Quant à moi, je suis en Lot-et-Garonne depuis 32 ans et je vous assure que pour la qualité de vie et de travail, je ne le regrette pas ! »
* Créée en 2015, la maison médicale d’Astaffort regroupe : 1 médecin, 3 infirmières, 4 kinés, 1 sage-femme, 1 orthophoniste, 1 podologue, 1 diététicienne.
** Zone de revitalisation rurale.