Le Quotidien du pharmacien.- La crise du Covid a mis en évidence l’intérêt de la téléconsultation. Quels sont les enseignements que Federgy tire de cette période ?
Alain Grollaud.- Bien évidemment, un certain nombre de services se sont développés au cours de la crise sanitaire, et la téléconsultation fait partie de ces tendances lourdes qui se sont imposées, les cabinets médicaux étant encombrés quand ils n’étaient pas fermés, sans compter le nombre de territoires français subissant la désertification médicale. Cependant, une contrainte subsistait, celle de la prise en charge, et Federgy a milité pour un assouplissement des règles jusqu’à la fin de l’année. Nos recommandations vont désormais au-delà de cette échéance.
Le modèle économique de la téléconsultation semble pour le moins fragile, le retour sur investissement se faisant attendre.
Il n’est pas dans nos compétences de donner des consignes sur le choix de tel ou tel opérateur. Cependant, tout dépend de l’investissement de base. Nous avons recommandé un équipement tel qu’il est prévu dans la prise en charge par l’assurance-maladie. Dans la mesure où l’on respecte ces solutions très opérationnelles, il ne devrait pas y avoir de problème de retour sur investissement. Toutefois chaque pharmacien est libre de son choix dans son équipement. Pour Federgy, cependant, le problème est ailleurs. Comment rentabiliser un équipement si on ne peut faire connaître l’offre de téléconsultation à la population ? Pour ce service, comme pour toutes les autres missions du pharmacien, son développement se heurte tout simplement à la méthode de communication, en l’absence de publication du code de déontologie. Ceci est d’autant plus regrettable que cet outil de téléconsultation s’applique, dans le cadre du télésoin, aux entretiens pharmaceutiques (AVK…), aux bilans partagés de médication et aux entretiens d’accompagnement des patients sous anticancéreux oraux… Les groupements, certes, proposent en leur nom des campagnes d’affichage, relaient des messages sur le Net, mais ce n’est pas suffisant. Il faut que les pharmaciens puissent faire la promotion de leurs services auprès du grand public. Federgy martèle ce message depuis des années.
Comment considérez-vous la téléconsultation sous l’aspect interprofessionnel ?
La téléconsultation génère de nouvelles relations entre le pharmacien et son patient, mais elle crée également de nouveaux rapports entre le pharmacien, le médecin et l’infirmier, qui sont les trois piliers essentiels de l’interprofessionnalité. Un clic suffira pour transmettre des documents, informer le médecin ou l’infirmier d’un bilan de médication, par exemple. Étant donné que l’exercice coordonné conditionnera à l’avenir de nombreuses missions du pharmacien, on peut considérer que les outils numériques, et par conséquent la téléconsultation, soutiennent les relations interprofessionnelles. C’est une évolution à mon sens inéluctable. On voit que les hôpitaux, comme le CHU de Bordeaux, s’emparent aujourd’hui de ces outils souples et que demain ils seront appliqués au service des liens ville-hôpital.
*Chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacie.