La proposition de loi du sénateur Philippe Mouiller, adoptée au Sénat en mai, prévoit d’étendre les missions des pharmaciens d’officine à l’évaluation et à la prise en charge de quatre nouvelles pathologies bénignes, à l’instar du dispositif OSyS. Wellpharma anticipe cette transformation en misant sur la formation et l’organisation des officines.
La proposition de loi Mouiller, qui pourrait généraliser dès la rentrée l’expérimentation OSyS (Orientation dans le système de soins), conforte l’élargissement du rôle clinique des pharmaciens. L’article 12 prévoit qu’ils puissent évaluer, prendre en charge et orienter des patients dans des situations cliniques « simples », listées par décret après avis de la Haute Autorité de santé (HAS). Une évolution que Wellpharma anticipe déjà.
« Un consensus existe aujourd’hui sur quatre cas cliniques, en plus de la cystite et de l’angine : piqûres de tiques, blessures légères, brûlures du premier degré et conjonctivite (y compris allergique), détaille Guillaume Paquin, président du groupement Wellpharma, à l’occasion de la convention des équipes officinales le 17 juin à Paris. Nous les prenons déjà en charge ces cas au comptoir. Mais pas dans un cadre légal. Avec des protocoles établis par la HAS, ils seront rémunérés. Ces nouveaux services sont des leviers de croissance, mais cela suppose d’anticiper un certain nombre de changements, dont la formation des équipes. »
Les pharmaciens devront ainsi évaluer les symptômes cliniques, décider ou non de l’orientation vers un médecin, et prescrire ou délivrer selon le protocole prévu. « Avec un arbre décisionnel, ce ne sera pas plus complexe qu’un TROD cystite ou angine. Un pharmacien bien formé aux protocoles n’a pas plus de risque d’erreurs », estime le pharmacien qui exerce entre Annecy et Genève. Le groupement, qui appartient à Welcoop, s’appuie sur Atoopharm, son organisme de formation interne, pour développer les modules adaptés.
Pour preuve de l’efficacité de ces formations, le pharmacien cite celle qui est dispensée aux officinaux souhaitant vacciner les voyageurs, grâce à un protocole avec les maisons de santé. « J’ai déjà accompagné 3 familles avant des départs en vacances, cela fonctionne très bien », estime-t-il. De manière générale, les pharmaciens ont fait leurs preuves sur les missions qui leur ont été confiées. « Nous savons nous former et remplir ces missions. La vaccination, notamment, est une réussite. »
Face à ceux qui redoutent un « glissement des compétences » d’un personnel de santé à l’autre, le président de Wellpharma se veut rassurant. « Il ne s’agit pas de prendre le travail des médecins, mais de coopérer. Un patient piqué par une tique, sans accès rapide à un médecin, doit pouvoir être pris en charge à la pharmacie. » L’une des briques centrales d’OSyS est, d’ailleurs, l’interprofessionnalité. Wellpharma s’appuie sur le logiciel ID-Pharmagest (Equasens) pour assurer la traçabilité des actes et transmettre une synthèse au médecin. « C’est comme pour la vaccination, il ne s’agit pas de la retirer à l’un ou à l’autre, mais de collaborer pour obtenir une meilleure couverture vaccinale. »
Ces nouvelles missions supposent, par ailleurs, une organisation différente et des outils informatiques pour intégrer ces nouveaux savoirs dans le quotidien officinal. « On ne peut pas improviser ça dans une arrière-boutique. Il faut un agenda adapté, une équipe préparée, un espace dédié. » Le groupement incite à structurer les services comme un levier économique, alors que les marges sur les génériques ou biosimilaires s’amenuisent. « Quand l’économie de l’officine se tend, il faut miser sur d’autres relais. Les missions de service en sont un. »
Un agenda intégré au logiciel ID-Pharmagest permet de fixer des rendez-vous ou de libérer des créneaux pour ces actes. Encore faudrait-il pouvoir les promouvoir. « On ne peut toujours pas communiquer clairement à l’extérieur sur les services proposés. Si OSyS est généralisé, il faudra pouvoir informer les patients. »
Pour Wellpharma, ces évolutions ne se limitent pas à compenser la désertification médicale. Elles dessinent une nouvelle fonction de proximité, centrée sur la prévention, la coordination et la réponse rapide à des affections du quotidien. « Le pharmacien peut renforcer son rôle de premier recours, connecté, réactif, responsable. À condition d’être formé, équipé, organisé. Et accompagné. »
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